Casablanca, au siècle dernier. Mimi n’a jamais porté une aussi belle robe. Depuis le matin, sa mère et sa sœur s’affairent autour d’elle. À quatorze ans, c’est la première fois qu’elle est invitée à un tel banquet et ainsi mise à l’honneur. Mimi l’ignore mais, ce soir-là, on l’a mariée.
Paris, de nos jours. Pour la seconde fois, Anna divorce. Tandis que les déménageurs s’activent, elle observe, sidérée, sa vie qui vient d’éclater en morceaux, et mesure ce qui lui reste à accomplir.
Sur un coup de tête, Anna décide d’aller reprendre son souffle à Casa, chez sa grand-mère, dans cet appartement où tout est à sa place. Un monde et deux générations séparent ces deux femmes. Face à sa petite-fille désorientée, Mimi va peu à peu lever le voile sur des secrets de famille jusqu’alors bien gardés…
Avis
Judith Elmaleh, sœur d’un célèbre humoriste, nous propose un premier roman inspiré du vécu de sa propre grand-mère, mariée de force à 14 ans.
Cette histoire familiale commence avec le récit de la jeune Simha, aussi appelée Mimi, qui raconte sa vie dans le quartier juif de Casablanca, auprès de sa famille pauvre. Encore baignée dans le monde de l’enfance, Mimi n’est réglée que depuis trois mois lorsqu’elle est mariée à un homme qu’elle ne connaît pas.
En tant que lecteur, les mots de Simha sont difficiles à lire. On ressent l’innocence de cette enfant qui vit ce jour de fête avec plaisir mais qui ne saisit pas ce qu’il se passe vraiment, à qui on n’a rien expliqué. Et quand on apprend, plus tard, le véritable objectif de ce mariage arrangé, l’horreur est absolue.
Parallèlement, nous découvrons Anna, une parisienne moderne qui gère sa vie au mieux entre deux enfants et deux ex-maris. En pleine remise en question suite à son récent divorce et à cette nouvelle vie qui commence, Anna ressent la nécessité de prendre de la distance et se rend à Casablanca, pour revoir sa grand-mère Mimi. Ce retour aux sources est l’occasion de se souvenir de son enfance au Maroc et des joyeuses tablées au sein de cette famille bruyante, vivante et exubérante. Elle va aussi interroger sa grand-mère sur des non-dits et secrets de famille qui lui pèsent.
Là-bas, Anna va être confrontée à la religion juive, avec ses traditions et ses restrictions, tellement éloignées de sa vie parisienne. Personnellement, j’ai découvert des coutumes que je ne connaissais pas, comme celle qui interdit à la femme de partager le lit de son époux la moitié du mois, quand elle est considérée comme impure. Des traditions qui sont encore respectées à l’heure actuelle et qui peuvent parfois paraître étonnantes. En tout cas, pour Anna, les révélations de Mimi vont être un choc.
J’ai beaucoup aimé cette lecture qui nous plonge dans un univers différent du nôtre et qui nous ouvre les yeux sur des pratiques que l’on connaît peu ou pas du tout. J’ai ressenti un élan d’affection pour le personnage de Mimi. Toute en silence et en retenue, elle s’est conformée au rôle qui lui était assigné, dans une vie d’abnégation et de solitude. Une grand-mère adorable aux petits soins pour sa famille, en s’oubliant elle-même. Et une véritable question de fond sur ce qui construit l’identité d’une personne.
Remerciement aux Editions Robert Laffont et à Babelio pour cette belle lecture.
Une reine – Judith Elmaleh – Editions Robert Laffont – 2022
Carnet de lecture 
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