Cupidité – Deon Meyer – Carnet de lecture

Benny Griessel et Vaughn Cupido, ravalés au rang d’enquêteurs de base pour avoir enfreint les ordres de leur hiérarchie, soupçonnent leur punition d’être liée au meurtre en plein jour d’un de leurs collègues et aux lettres anonymes qu’ils ont reçues récemment. Mais ils n’ont pas le loisir d’approfondir la question car on les charge d’élucider la disparition de Callie, brillant étudiant en informatique. Dans le même temps, Jasper Boonstra, milliardaire et escroc notoire, confie à une agente immobilière accablée de dettes la vente de son prestigieux domaine viticole. Conscient que la commission de trois millions de rands réglerait tous les problèmes de la jeune femme, l’homme d’affaires exerce sur elle un chantage qui la met au pied du mur.

A priori, il n’y a aucun lien entre les deux affaires, sauf le lieu, Stellenbosch, au cœur des vignobles du Cap. Mais lorsqu’elles convergent, la cupidité se révèle être leur moteur commun.

Avis

Cupidité est le 8e tome de la série consacrée au Capitaine Benny Griessel, mais il peut se lire indépendamment des premiers romans.

Auparavant à la Direction des Enquêtes Prioritaires au Cap, en Afrique du Sud, Benny Griessel et son acolyte Vaughn Cupido se voient rétrogradés au rang d’enquêteurs et mutés. Touchés dans leur égo, ils mettent néanmoins toutes leurs compétences dans la résolution des affaires qui leur sont confiées.

Pour moi qui lit Deon Meyer pour la première fois, le coup de cœur pour ce duo a été immédiat. Comme un vieux couple, ils se complètent, recherchent l’avis de l’autre et se challengent mutuellement, se connaissant sur le bout des doigts. Alors, quand on les sépare, ils se sentent perdus sans leur partenaire de longue date.

Leurs vies personnelles sont un peu présentes dans le roman, mais sans toutefois prendre trop de place. On sourit des difficultés de Vaughn à perdre du poids alors que les tentations pullulent et on est touchés par les difficultés de Benny à rester sobre dans cette situation difficile, d’autant que la disparition de Callie le confronte à sa relation compliquée avec son fils.

Pour moi qui lit rarement des romans qui se déroulent en Afrique, Cupidité est aussi l’occasion de découvrir l’Afrique du Sud. Ici présenté comme un pays totalement corrompu, du Président au quidam. La notion de captation d’Etat revient régulièrement. Il s’agit d’un pillage des entreprises et des institutions nationales, impliquant une corruption des gens du pouvoir, ainsi que la modification des lois du pays, de sorte que tous travaillent dans leur intérêt privé (https://www.pplaaf.org/). Cela se manifeste dans le comportement de certains policiers sud-africains, qui agissent régulièrement à la limite de la légalité, ce qui est assez choquant.

Le roman est aussi émaillé de quelques expressions typiques en afrikaans, saupoudrées avec parcimonie et expliquées dans un lexique.

A travers le personnage de Sandra, mère de famille et agent immobilière, c’est aussi l’économie d’une région qui est mise en lumière. Les ventes immobilières se font rares et, avec elles, les commissions des agences. Sandra ne peut donc refuser de s’occuper de la vente de la propriété de Jasper Boonstra, un financier au cœur de plusieurs enquêtes.

La situation de Sandra, jolie jeune femme dans un monde d’hommes, me fait aussi réagir. Elle doit sans cesse s’imposer et se défendre face à Jasper et à son propre patron Charlie, dont le comportement misogyne et les propos humiliants sont monnaie courante.

Cupidité mêle plusieurs enquêtes et histoires, que le lecteur suit en parallèle. Un roman dense qui alterne périodes plus rythmées et moments plus lents, mais les derniers chapitres se dévorent en une bouchée!

Bref, une première rencontre avec Benny Griessel et Vaughn Cupido, qu’il me tarde de voir à l’œuvre dans les précédents romans de la série.

Lire le premier chapitre de Cupidité de Deon Meyer

Remerciement à Babelio et aux Editions Gallimard pour cette lecture.

Cupidité – Deon Meyer – Editions Gallimard – 2022