La ballade de Lila K – Blandine Le Callet

Une jeune femme, Lila K., fragile et volontaire, raconte son histoire.
Un jour, des hommes en noir l’ont brutalement arrachée à sa mère, et conduite dans un Centre, mi-pensionnat mi-prison, où on l’a prise en charge. Surdouée, asociale, Lila a tout oublié de sa vie antérieure. Son obsession : retrouver sa mère, recouvrer sa mémoire perdue. Commence alors pour elle un chaotique apprentissage, au sein d’un univers étrange dans lequel les livres n’ont plus droit de cité.

Avis

Dans ce roman hors norme, la protagoniste principale s’exprime à la première personne et raconte son enlèvement brutal par des hommes masqués et sa détention dans un Centre, sans plus aucun contact avec sa mère.

Le personnage de Lila ne laisse pas indifférent. L’enfant a un comportement inhabituel, refuse tout contact avec les adultes ou d’autres enfants, ne supporte pas qu’on la touche, ne veut pas manger. Elle est diagnostiquée surdouée, polytraumatisée et asociale. Elle-même n’a qu’une seule idée en tête: atteindre sa majorité pour sortir du Centre dans lequel elle est enfermée et pouvoir partir à la recherche de sa mère.

Son attitude va changer avec l’arrivée de Monsieur Kaufmann, un thérapeute pour enfant aux méthodes originales. Une relation de confiance se met en place, elle s’ouvre peu à peu, accepte de lui parler tandis qu’il s’adresse à elle comme à une adulte et qu’il lui lit des poèmes pour étoffer son vocabulaire. Grâce à son mentor, elle se plonge avec délectation dans les livres alors que les autorités interdisent toute utilisation de papier, considéré comme néfaste pour la santé.

La ballade de Lila K se déroule dans le futur, dans une étrange société où tout est surveillé, contrôlé, censuré, scruté, filmé et enregistré, de l’alimentation aux déplacements, en passant par la santé et la sexualité. Je suis par contre étonnée du peu d’éléments technologiques mentionnés (pas de smartphone ni de GSM, ordinateurs peu répandus au contraire de la tablette).

Le personnage au cœur de cette histoire est attachant et la narration nous permet sans peine de nous mettre à sa place, on ressent son mal-être, son incompréhension face à un monde qui n’est pas adapté à sa manière de fonctionner. Petit à petit, on assiste à l’éclosion d’un papillon sous le regard bienveillant de Monsieur Kaufmann puis de Fernand, qui accompagnent cette volonté farouche de dépasser ses peurs et d’aller au-delà des ses croyances limitantes.

On passe sa vie à construire des barrières au-delà desquelles on s’interdit d’aller: derrière, il y a tous les monstres que l’on s’est créés. On les croit terribles, invincibles mais ce n’est pas vrai. Dès qu’on trouve le courage de les affronter, ils se révèlent bien plus faibles qu’on ne l’imaginait. Ils perdent consistance, s’évaporent peu à peu. Au point qu’on se demande, pour finir, s’ils existaient vraiment.

Longtemps, j’ai pensé que Lila s’adressait au lecteur pour comprendre plus tard qu’elle écrit en réalité à quelqu’un d’autre. Longtemps, je me suis posé tout un tas de questions sur les raisons de l’enlèvement de la fillette à sa mère et de son enfermement, sur la finalité de ce roman.

J’ai dévoré l’histoire de Lila en deux soirées tant elle est touchante. J’adhère par contre moins à la fin où l’auteur nous livre en quelque pages, tout le passé de Lila. J’ai passé un très bon moment aux côtés de ce personnage fragile mais aussi doté d’une telle force de caractère qu’il lui a permis de traverser les épreuves. Un modèle de résilience.

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La ballade de Lila K – Blandine Le Callet – Editions Stock – 2010

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