Las du quotidien de sa vie de bureau, Donald décide de partir naviguer seul pendant trois mois en mer du Nord. Maria, sa fille de sept ans, le rejoint pour la dernière étape qui doit les ramener du Danemark aux Pays-Bas, où ils retrouveront sa femme. Mer étale, complicité entre le père et la fille: la traversée s’annonce idyllique. Mais rapidement, les nuages noirs se profilent à l’horizon, et Donald semble de plus en plus tourmenté.
Jusqu’à cette nuit cauchemardesque où Maria disparaît du bateau alors que la tempête éclate…
Avis
Profitant d’un congé sabbatique de trois mois, un homme effectue un voyage en solitaire à bord de son voilier, allant du Danemark aux Pays-Bas. Il embarque sa petite fille pour les deux derniers jours tandis que sa femme Hagar les attend sur la terre ferme.
Pour cet homme, c’est l’occasion de partager sa passion avec la petite Maria mais aussi de prouver qu’il est un bon capitaine et un père exemplaire. Pourtant, lorsque la tempête approche, il choisit de rester en mer plutôt que de s’abriter sur une ile avoisinante, les mettant tous deux en danger. C’est à ce moment, au plus fort de la tempête et du brouillard, que Maria disparaît. Plutôt que de lancer un appel de détresse, il choisit de se taire, se réfugiant dans un déni irrationnel.
« Aussi longtemps que personne ne sait que Maria a disparu, elle n’a pas disparu. »
Il s’avère que le père a un comportement étrange et imprévisible, il est aigri et tourmenté, en proie à des démons qu’il peine à contrôler. Pour lui, ce voyage en mer est comme un pèlerinage intérieur. Silencieux et renfermé, il évoque certains aspects du personnage principal de Sukkwan Island de David Vann, une autre figure de l’homme en fuite de ses démons intérieurs. A côté de ce père incapable de prendre les bonnes décisions, Maria incarne l’innocence et la fragilité.
La mer déchaînée, la nuit noire seulement éclairée par la lune et les lumières lointaines des bateaux, tout cela dépeint un tableau à la fois magnifique et terrifiant, qui nous immerge totalement dans l’univers maritime. Personnellement, je me rends compte que j’idéalisais fortement le voyage en mer. Or, il ne s’agit pas de voguer tranquillement sur une mer bleu azur. Il y a toujours un moment où la nuit tombe, enveloppant le bateau, nous laissant aveugles, livrés à la nature et à la force de l’océan. De toutes petites choses insignifiances face à l’immensité. Ca n’est pas rassurant.
En mer est une lecture prenante, qui nous fait passer par différentes émotions. Le récit avance avec une intensité palpable et brouille la frontière entre réalité et délire. J’ai trouvé que la fin était un peu abrupte, parce qu’elle laisse l’histoire en suspens. J’aurai aimé connaître l’état d’esprit du père à son retour à la maison, une fois confronté à l’inévitable. C’est une question qui reste sans réponse et qui me laisse avec une sensation d’inachevé.
Après avoir lu Passager 23 et ce roman, je suis pas prête de mettre un pied sur un bateau, petit ou grand.
En mer – Toine Heijmans – Christian Bourgois Editeur – 2013
Carnet de lecture 
Laisser un commentaire