
Un matin de printemps, dans la décharge à ciel ouvert de San Perdido, petite ville côtière du Panama aussi impitoyable que colorée, apparaît un enfant noir aux yeux bleus. Un orphelin muet qui n’a pour seul talent apparent qu’une force singulière dans les mains.
Il va pourtant survivre et devenir une légende. Venu de nulle part, cet enfant mystérieux au regard magnétique endossera le rôle de justicier silencieux au service des femmes et des opprimés et deviendra le héros d’une population jusque-là oubliée de Dieu.
Avis
Cette fois, direction la ville de San Perdido au Panama. Cette ville, véritable personnage du roman tant elle est présente, est coupée en deux. Les hauteurs abritent les belles villas occupées par les riches notables, où règnent la volupté, le luxe et l’opulence tandis qu’en bas, c’est la décharge et la mer, la pauvreté et la violence.
Dans cette ville marquée par la prostitution et le marché noir, deux hommes très différents apparaissent. Le gouverneur Lamberto vit sur les hauteurs, très porté sur le sexe, il profite de la vie. Mais, dans une société minée par la corruption, les jeux de pouvoir, la jalousie et la manipulation se manifestent rapidement. En bas, Yerbo Kwinton est un homme solitaire, secret et mutique, qui a des mains larges et une force incroyable. Pour lui, l’argent n’a pas d’importance. Par contre, il met un point d’honneur à punir ceux qui s’attaquent aux plus faibles, n’hésitant pas à faire le mal pour protéger des victimes de leur tortionnaire.
Deux hommes que tout oppose mais dont la route va se croiser à un moment donné. Des personnages forts à la personnalité particulièrement bien construite et complexe, que l’on suit sur plusieurs années.
David Zukerman dresse le portrait de cette société à deux étages, à l’ambiance unique, dans les années 1940-1950. Et si les gouverneurs se succèdent, rien ne change pour les pauvres qui rêvent d’un ailleurs plus accueillant. Pour les garçons, cela passera par le travail manuel acharné tandis que les filles se tournent souvent vers la prostitution de luxe.
San Perdido n’est pas un thriller plein d’actions et de rebondissements mais j’ai adoré suivre le quotidien des habitants, des personnages attachants, simples et profondément humains. L’écriture est sobre, sans artifice et sans jugement par rapport aux vies évoquées, qu’elles soient pauvres ou riches.
Un premier roman publié particulièrement maîtrisé et un magnifique panorama de la société panaméenne. Sans aucun doute un auteur à suivre.
Remerciement aux Editions Calmann-Levy pour cette lecture.
San Perdido – David Zukerman – Editions Calmann-Levy – 2019
J’ai vraiment aimé cette lecture!
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Je comprends, c’est vraiment un bon roman!
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