
Jack fête ses cinq ans dans la chambre qu’il habite avec sa mère depuis sa naissance et dont il ne sort jamais. Il y a Madame Porte, Monsieur Tapis, Madame Table et Monsieur Lit, tous les éléments du quotidien qui deviennent des compagnons d’isolement. Il y a aussi Grand méchant Nick, celui qui apporte les cadeaux du dimanche et qui tient mère et enfant enfermés ; et Dent Malade, qui fait souffrir Ma.
Avis
Le narrateur de ce roman est un enfant de 5 ans prénommé Jack. Depuis sa naissance, il vit enfermé dans une pièce avec sa mère, dont il n’a jamais été séparé. Son seul contact avec l’extérieur passe par le Grand Méchant Nick qui fait des apparitions, souvent nocturnes, qui apporte de la nourriture et des cadeaux.
Pour Jack, tout cela est normal puisqu’il n’a vécu que cette situation. Mais la réalité est moins jolie : sa mère a été kidnappée alors qu’elle avait 19 ans et cela fait 7 ans qu’elle est retenue prisonnière dans un abri de jardin amélioré, disponible sexuellement pour le bon plaisir de son ravisseur.
Le démarrage de Room est plutôt lent et j’ai trouvé que la personnification des objets opérée par Jack alourdissait le texte, alors même que son esprit d’enfant, qui passe sans cesse d’un sujet à un autre, nécessite une certaine concentration.
Malgré cela, ce petit bout est attendrissant dans la façon dont il pense à sa maman, dont il l’aide ou lorsqu’il essaie de calmer ses angoisses. Curieux de tout, il pose beaucoup de questions. Mais quand il découvre qu’il existe un « Dehors » où tout ce qu’il voit à la télévision existe pour de vrai, c’est toute sa conception du monde qui s’effondre. D’autant qu’il va devoir s’éloigner de sa mère et apprendre à se construire en tant qu’individu.
J’ai ressenti beaucoup de tristesse pour la maman, qui oscille en permanence entre tentatives de se faire remarquer de l’extérieur et périodes de résignation. Et alors qu’elle a consacré cette période d’enfermement à Jack, à son éducation et à son bien-être, le retour à la vie réelle est douloureux. Elle mesure alors les années perdues et le décalage qui s’est créé avec ses amies d’enfance.
Ce roman, librement inspiré de l’histoire de Natasha Kampusch, séquestrée pendant 8 ans, est aussi un roman d’espoir même si le travail de reconstruction s’annonce difficile.
Room a été adapté pour le cinéma par Lenny Abrahamson, film qui est sorti en 2015. Personnellement, j’ai trouvé que le film ne reflétait pas bien le roman, beaucoup plus fouillé et qui montre toute la complexité de la pensée humaine, là où le film simplifie les choses à outrance.
Room – Emma Donoghue – Editions Stock – 2011
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