
Je vous en ai déjà touché un mot dans mon bilan littéraire 2022, j’ai décidé d’arrêter les services presse. Je vous en parle ici dans le détail.
En tant que blogueuse littéraire depuis plus de 10 ans, j’ai eu l’occasion de me faire connaître des maisons d’édition. Avec certaines d’entre elles, un lien particulier s’est créé, me permettant d’obtenir des livres en service presse.
Qu’est-ce que c’est? Un service presse (ou SP) est un livre qui est donné gratuitement aux journalistes, blogueurs, bookstagrameurs qui ont une certaine influence dans leur domaine, pour qu’ils en parlent à leur communauté. Entre blogueurs littéraires et maison d’édition, le contrat implicite veut que l’on lise le livre dans le mois et qu’on en publie une chronique sur notre blog, Booksta ou autres plateformes de lecteurs.
Pour la maison d’édition, cette pratique permet de promouvoir une nouvelle parution auprès d’ambassadeurs, qui vont en parler autour d’eux. Pour le blogueur, le service presse est souvent perçu comme une forme de reconnaissance du travail fourni, voire pour certains, comme le graal. Et, avouons-le, avoir l’occasion de lire des romans en avant-première est toujours un grand plaisir!
Dans ce cas, pourquoi arrêter les services presse ?
Ma PAL gigantesque
J’ai déménagé en 2022. J’ai donc été contrainte d’empaqueter l’ensemble de ma bibliothèque personnelle. Alors que je pensais profiter de cette occasion pour trier mes livres et évacuer ceux qui ne me tentaient plus, j’ai réalisé que j’avais vraiment envie de lire tous ces livres! Il n’était donc pas question de m’en séparer, bien que certains d’entre eux attendent depuis plusieurs années.
Pour être concrète, quand je parle de ma PAL (Pile A Lire) gigantesque, je parle d’environ 300 livres papier non lus (et je ne compte pas les livres numériques qui s’accumulent encore plus facilement!). Pour tenter d’en venir à bout, je me fixe chaque année des objectifs (sortir X romans de ma propre bibliothèque) et, chaque année, le constat est misérable: très peu de livres lus mais plusieurs nouveaux livres qui sont venus s’ajouter.
Il convenait donc de trouver une solution à ce « problème ».
La contrainte des services presse
En réalisant mon bilan annuel grâce à mon précieux tableau Excel, je me rends compte, depuis plusieurs années, qu’une grande part de mes lectures provient de SP.
Soyons clairs, j’adore recevoir des services presse! Au fil des ans, ils m’ont permis de découvrir de nouveaux auteurs, des titres sensationnels que je n’aurai jamais lus autrement et, lire des livres en avant-première est valorisant, c’est un signe de confiance de la part des maisons d’édition. Sans parler du fait qu’on a l’impression d’être à Noël à chaque fois qu’on découvre une enveloppe dans sa boite aux lettres.
Je vous parlais du contrat qui lie le blogueur à la ME. Il est clair: lire le livre endéans le mois et publier une chronique. Sur le fond, je suis tout à fait d’accord puisqu’on sait que la vie d’un titre se joue durant les premières semaines après sa parution en librairie. Et lire un roman en un mois est tout à fait raisonnable. Le problème survient quand le nombre de SP à lire est tellement important que ce rythme devient difficile à tenir.
Or, comme je recevais beaucoup de services presse, je me retrouvais souvent dépassée et incapable de tenir les délais. Et même si je n’ai jamais reçu de réclamation de la part des maisons d’édition, j’étais personnellement embêtée de ne pas accomplir ma part du contrat.
Et puis, il y a les envois sauvages, ces livres que l’on reçoit sans avoir rien demandé et qui ne nous intéressent pas. Ils proviennent souvent d’auteurs sans scrupules qui cherchent à faire leur pub gratuitement en envoyant un PDF, mais qui ne cherchent pas à savoir si leur roman correspond à notre ligne éditoriale ou à nos centres d’intérêts, tout simplement.
Je sais que certains blogueurs se sentent régulièrement pris au piège des services presse car ils ont l’impression de ne pas pouvoir donner un avis négatif s’ils n’ont pas aimé le livre offert. Cela ajoute à la pression subie. Pour ma part, je ne me suis jamais censurée et je me suis toujours sentie libre de donner mon opinion personnelle, quelle qu’elle soit. Evidemment, en cas d’avis négatif, je mets les formes et essaie toujours de mettre en contexte et d’expliquer mon point de vue. Et si certains auteurs ont été outrés parce que j’ai osé critiquer leur chef d’œuvre, ça ne m’atteint pas. Les maisons d’édition, elles, n’ont jamais réagi à ces critiques « négatives » et préfèrent même obtenir des avis honnêtes plutôt que trafiqués. Il en va de leur réputation.
Le revers de ce système est qu’il nous entraine dans une course effrénée à la nouveauté, nous incite à être le premier à parler d’un titre qui nous a plu… tout ça pour se retrouver noyé au milieu de dizaines d’autres médias qui vantent ce même roman.
Finalement, cette effervescence continue m’a éloignée de ces auteurs moins prolifiques mais pourtant très bons, des romans parus il y a quelques années que je n’ai pas eu le temps de lire à leur sortie et de tous ces livres qui peuplent ma bibliothèque personnelle.
Le blogging comme un plaisir
Récemment, Mademoiselle Cup of Tea a calculé le temps passé à travailler pour son blog littéraire. Je n’ai encore jamais réalisé cet exercice mais je dois aussi être à l’équivalent d’un mi-temps. Il faut dire qu’entre la lecture, la rédaction de chroniques et la gestion des réseaux sociaux, le nombre d’heures consacrées au blog est conséquent. Il est d’autant plus important pour moi que le blogging et la lecture restent un plaisir. Il est hors de question que la pression devienne tellement intense que cela se transforme en un deuxième job.
Après avoir longtemps cherché, arrêter les services presse m’apparait comme la solution ultime pour garder le plaisir de lecture sans me mettre la pression. Cela me permettra de lire tous ces romans qui prennent la poussière sur mes étagères et qui envahissent tout l’appart, de vous proposer un contenu qui sorte un peu des sentiers battus et de vous faire découvrir des romans plus confidentiels ou trop vite oubliés.
Alors, je ne sais pas si je vais arriver à tenir mes engagements face à toutes les nouveautés qui sortent chaque mois ni quelle conséquence cette stratégie aura sur les chiffres de fréquentation du blog et de mes réseaux sociaux mais j’ai envie de tenter le coup.
Et vous, quel rapport entretenez-vous avec les services presse? Comment les gérez-vous?
Etes-vous tentés de relever ce défi avec moi?
Merci à Miss Chatterton, dont l’article a agit comme un révélateur ;)
J’ai drastiquement limité le nombre de SP que j’accepte alors je ne peux que comprendre ta démarche :)
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Suite à cet article, je reçois pas mal de messages de blogueurs qui vont dans ce sens aussi. Comme quoi, les SP ne sont pas la panacée…
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