Est-ce que tu danses la nuit… – Christine Orban

Note : 4 sur 5.

Je voulais raconter l’histoire d’une attirance irrésistible. Raconter l’échec de la morale confrontée au désir. Raconter un amour déplacé.

Avis

Est-ce que tu danses la nuit est le premier roman que je lis de cette auteure et autant dire qu’il m’a passablement perturbé.

Tina est mariée à Pierre depuis 20 ans. Alors qu’ils s’apprêtent à partir en vacances pour fêter leur anniversaire de mariage, elle met la main sur un panier rempli de lettres qu’elle avait échangées avec Simon, un homme d’âge mûr qu’elle fréquentait à l’âge de 18 ans. Bouleversée, elle lit les lettres dans la voiture et se plonge dans ses souvenirs.

Ce roman tourne autour de trois personnages forts. Tina troublée par ses premiers émois amoureux, qui discerne mal les émotions qui la saisissent et les signaux que lui envoient les hommes. Il y a aussi Marco, le premier amoureux de la jeune fille, qui l’aime d’un amour possessif et violent. Et son père Simon, veuf depuis le décès de son épouse, inexorablement attiré par Tina malgré les convenances et qui se sent revivre auprès de cette jeune femme.

Il y a quelque chose de révoltant dans l’attitude de Simon qui éjecte brutalement son fils du jeu pour s’approprier Tina, comme un trophée, un dû. L’homme est présenté comme un calculateur, un prédateur aguerri uniquement guidé par le désir, qui manipule Tina selon ses envies, la siffle presque pour qu’elle rapplique dans l’hôtel dans lequel il est descendu, l’achète avec de l’argent ou des cadeaux. Difficile pour moi de ne pas manifester mon dégout face à ce type d’individu. Et pourtant, dans le même temps, on sent une sorte de fragilité chez Simon, qui sait qu’il joue là son dernier round amoureux.

Les pensées de Tina sont moins claires. Est-elle vraiment amoureuse? Joue-t-elle un jeu avec ce sugar daddy? Qu’espère-t-elle de cette relation ? D’autant que Marco revient régulièrement à la charge, espérant la reconquérir. Mais quelle chance a un gamin boutonneux face à un homme d’âge mûr?

Parmi les personnages secondaires, notons l’entourage de Tina, qui ne se pose aucune question. Sa mère, pas plus étonnée que ça qu’un homme qui pourrait être son père s’intéresse à sa fille à peine sortie de l’enfance ou même Pierre son mari qui ne s’intéresse pas aux lettres que lit sa femme dans la voiture, à côté de lui, ne s’interroge pas sur les raisons de son changement de comportement. D’accord, l’auteur souhaite mettre l’accent sur la relation entre Tina et Simon mais un entourage aussi amorphe est tout de même peu crédible.

Puis, l’histoire entre les tourtereaux connaît un tournant lorsque Simon se rend compte que Tina a aussi envie de vivre sa jeunesse, qu’elle fréquente les boites de nuit et danse avec d’autres. Il sombre alors dans la jalousie et la colère. Le vieux beau se sent trahi, lui qui imaginait que son ingénue restait sagement dans sa chambre d’étudiante à se languir de son amant, attendant son coup de fil ou sa venue.

« Tina est sous surveillance. Elle a contrevenu à la règle du vieux mâle selon laquelle une femme doit répondre à son amant, quelle que soit l’heure à laquelle il l’a réclame. »

J’ai trouvé que le début de ce roman était un peu brouillon, avec beaucoup d’allers et retours entre le passé et le présent, sans indications temporelles.

Mais ce que j’en retiens surtout, c’est le malaise dans lequel il m’a mise. La relation entre cet homme d’âge sûr et cette jeune fille m’a profondément perturbée et j’ai trouvé que certains passages étaient difficiles à lire. A aucun moment, je ne suis entrée en empathie avec les personnages.

Est-ce que tu danses la nuit… un roman qui m’a profondément dérangé et, en même temps, s’il m’a fait autant d’effet, je me dis que c’est parce qu’il est bien écrit. En tous cas, il m’a donné envie de lire d’autres romans de Christine Orban. Lesquels me conseillez-vous?


Est-ce que tu danses la nuit… – Christine Orban – Editions Albin Michel – 2020

2 commentaires sur “Est-ce que tu danses la nuit… – Christine Orban

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    1. Oui, c’est vrai que ça revient souvent dans les romans. Pour le lecteur, cela demande une petite gymnastique de l’esprit et d’être attentif aux détails temporels (quand ils sont présents!)

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