
1983. Un ancien hôpital à Akureyri, au nord de l’Islande, autrefois sanatorium pour traiter les tuberculeux, est le théâtre d’un événement dramatique : une infirmière est retrouvée sauvagement assassinée dans son bureau, les deux doigts de sa main droite coupés. L’inspectrice Hulda et son collègue Sverrir sont chargés de l’enquête. Seules quatre autres personnes étaient présentes dans le bâtiment au moment du meurtre. Quatre suspects. Quelques jours plus tard, le médecin en chef est lui aussi retrouvé mort au pied du bâtiment. Tout porte à croire qu’il s’est suicidé. Un aveu indirect de culpabilité ?
2012. Trois décennies plus tard, le mystère reste entier. Helgi, un jeune criminologue, se penche sur l’affaire non résolue des meurtres d’Akureyri pour les besoins de sa thèse. Au même moment, il se voit proposer un poste au sein de la police de Reykjavík. Ses recherches le mènent à interroger les anciens suspects de 1983. Lorsque l’un d’entre eux est retrouvé assassiné dans son lit, Helgi décide d’accepter le poste d’enquêteur, pour résoudre enfin les meurtres inexpliqués de l’ancien sanatorium. Une enquête tortueuse qui viendra remuer de vieilles blessures, levant le voile sur de sombres réalités.
Avis
Dans ce roman, Ragnar Jonasson nous immerge dans une intrigue complexe qui se déploie sur plusieurs décennies. Les fils du passé et du présent s’entrecroisent autour des mystérieuses morts survenues dans un sanatorium en 1983.
L’histoire commence en 2012 avec Helgi, un étudiant en criminologie dont le mémoire de fin d’études porte sur les décès suspects dans ce sanatorium isolé, à commencer par le meurtre d’une infirmière, Ysra, en 1983. Cette découverte macabre, faite par Tinna, une jeune infirmière travaillant dans le sanatorium, lance une série de révélations sur les événements qui ont marqué cet établissement médical étrange et à l’atmosphère lourde.
L’histoire alterne entre les années 1950, où Asta, une infirmière du sanatorium, s’attache à un jeune patient de cinq ans atteint de tuberculose, l’année 1983 pendant laquelle deux personnes du staff médical sont retrouvées mortes au sanatorium et l’enquête qui s’ensuit et, enfin, 2012, où Helgi rouvre indirectement l’enquête en posant des questions aux protagonistes de l’époque.
Une des particularités de ce roman tient dans ces sauts temporels, qui peuvent sembler aléatoires mais qui s’enchainent bien, sans être déstabilisants. Chaque personnage apporte sa vision des événements, ce qui permet au lecteur de reconstituer progressivement le puzzle.
Les personnages sont nuancés et ne laissent pas indifférents. Tinna, par exemple, m’a irritée plus d’une fois par ses mensonges et manipulations. Mais son penchant pour l’exagération et l’invention est un réel élément narratif qui permet d’étoffer l’intrigue et influence fortement le déroulement de l’enquête. Helgi apparaît comme quelqu’un de peu sûr de lui, qui prend difficilement des décisions, se laissant porter par les choix des autres et empêtré dans des problèmes de couple. Mais là où il intéresse particulièrement l’amatrice de polars que je suis, c’est quand Helgi parle de sa passion pour les vieux romans policiers, qu’il dévore littéralement. Ragnar Jonasson cite ainsi des auteurs et titres de romans, en fait parfois un résumé. C’est intéressant mais cela nous fait aussi perdre le fil de l’histoire et on se demande si ces romans et auteurs ont une importance dans l’enquête.
J’ai aussi été interpellée par le personnage de Hulda Hermannsdottir, la policière qui enquête sur les morts du sanatorium en 1983 et que l’on retrouve en 2012 alors que son chef la pousse vers la retraite. Dans La mort en blanc, elle a un second rôle alors même qu’il s’agit du personnage principal de la trilogie La dame de Reykjavik. Je ne comprend pas bien comment cette histoire s’articule aux autres romans de la série, d’autant que cette dernière se déroule dans l’ordre anti-chronologique et que la publication de ce roman chamboule tout cela.
Le cadre du sanatorium, avec son passé lourd et son atmosphère mystérieuse, joue un rôle presque aussi important que les personnages eux-mêmes. Ce lieu isolé, autrefois dédié au traitement des patients tuberculeux, est empreint d’une atmosphère étrange, comme si les âmes des anciens patients continuaient à hanter les murs. Une ambiance pesante qui amplifie le sentiment d’inquiétude et de suspense.
Je pense que cette enquête aurait pu progresser plus rapidement, mais il est indéniable que l’auteur prend un grand plaisir à faire durer le suspense et à nous mener en bateau. Et, petit à petit, l’enquête prend un tournure à laquelle on ne s’attend pas et conduit à un final étonnant qui nous laisse avec autant de réponses que de nouvelles questions.
Un très bon moment de lecture, qui me replonge dans les enquêtes nordiques. Ca tombe bien, je prépare en ce moment un voyage en Islande et j’ai sélectionné quelques romans et auteurs islandais à lire pour me mettre dans l’ambiance.
Merci aux Editions de La Martinière pour cette lecture.
La mort en blanc – Ragnar Jonasson – Editions de La Martinière – 2024
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