Banal – Charlotte Moors

Note : 3.5 sur 5.

Ils sont deux. Un homme, une femme. Un couple, en apparence ordinaire.Il y a les gestes du quotidien, les silences entre les phrases, les regards qui glissent. Il y a l’amour, peut-être. L’attachement, sûrement. Et puis, sans bruit, sans cri, il y a ce qui s’installe : une mécanique invisible, insidieuse. Un mot qui blesse sans qu’on sache pourquoi. Un consentement donné sans être réellement choisi. Une solitude à deux qui s’étire, imperceptible. Ce n’est pas une histoire de monstres. Ce n’est pas une histoire de victimes. C’est l’histoire d’une emprise qui ne dit pas son nom, façonnée par un modèle patriarcal ancré dans les corps et les esprits, si familier qu’il en devient presque invisible.

Avis

Après son roman Alessandro, lu dans le cadre du Prix Club et qui avait été un vrai coup de cœur, je découvre ce nouveau roman de l’auteure belge Charlotte Moors.

L’histoire est racontée à deux voix, Elle et Lui, chacun donnant sa version de leur couple.

Un couple qui se construit alors que tous deux débutent leur carrière professionnelle et ont un tas de rêves. Mais la relation est biaisée dès le départ par des faux-semblants et un manque d’authenticité.

Alors que l’on pourrait penser qu’ils vont rapidement se séparer, les deux protagonistes tiennent pourtant, dans cet équilibre précaire où Lui considère sa femme comme un trophée et Elle cherche sans cesse à lui plaire. Dès le départ, le rapport de force est présent, alimenté par les deux membres du couple.

Peu à peu, l’amour laisse la place à la routine et à un mal-être diffus difficile à identifier clairement. Et l’emprise psychologique qu’Il exerce sur Elle, présente de façon sous-jacente dès le départ, se marque davantage. Pourtant, ce couple construit sur les apparences réussit à faire illusion et leur entourage loue leur beauté et leur bonheur apparent. De sorte que personne ne peut imaginer le rapport de domination qui régit ce couple, apparemment bien assorti.

Dans ce roman, Charlotte Moors a choisi de ne pas nommer ses personnages autrement que par Elle et Lui, ce qui les rend anonymes et universels. Ils pourraient être n’importe qui, ce qui facilite l’identification du lecteur. En tant que femme, je me projette naturellement dans son vécu à Elle, mais je serai intéressée de savoir comment ce type de roman peut être perçu par un homme, étant donné qu’ici c’est Monsieur qui a plutôt le mauvais rôle.

A travers ce roman que l’on peut qualifier de féministe, l’auteure donne la parole à toutes les femmes qui subissent une relation toxique dans la banalité de leur quotidien.


Banal – Charlotte Moors – Editions Academia – 2025

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