
Czentowic, champion d’échecs arrogant, esprit borné à outrance, inculte et étonnamment stupide, occupe le premier plan jusqu’à l’entrée en scène de Monsieur B. Dès lors que cet aristocrate autrichien s’intéresse à la partie livrée entre le champion et les passagers amateurs, la direction du texte bascule.
Avis
Le joueur d’échecs fait partie des derniers écrits de l’auteur, qui s’est suicidé en 1942. Publiée à titre posthume, cette nouvelle est devenue un classique.
Il s’agit d’une œuvre très personnelle puisqu’elle évoque de manière détournée ce qui préoccupe Stefan Zweig à cette période. En effet, l’auteur autrichien de langue allemande, refusant de prendre la nationalité allemande et d’être associé à l’idéologie nazie, s’exile au Brésil où il continuera sans cesse d’écrire et d’œuvrer pour l’unification de l’Europe.
A l’occasion d’une traversée qui relie New York à Buenos Aires, le narrateur apprend que le champion du monde d’échecs, Mirko Czentoviv, est à bord. Sa curiosité piquée, il va tenter de l’approcher. Mais le personnage, s’il a un talent indéniable, est taciturne, grossier, arrogant et inculte. Il refuse de se mêler aux voyageurs. Pour l’attirer, le narrateur va alors organiser un tournoi d’échecs, le Maitre contre plusieurs joueurs moyens, mais le petit groupe est à la traine et ne gagne que grâce à l’intervention inopinée d’un passager expert du jeu royal.
Commence alors un second récit, imbriqué dans le premier. Celui de M.B., qui fut capturé par les SS pendant la guerre et séquestré dans un hôtel, pour y subir une méthode de torture psychologique spécialement élaborée pour les esprits intellectuels et destinée à lui extorquer des informations sur ses clients fortunés. C’est à cette occasion et par le plus grand des hasards, que M.B. va découvrir les échecs, jusqu’à l’obsession. Dans son discours, transparaissent les préoccupations de Stefan Zweig sur la montée du nazisme, les agissements de Gestapo et les déportations de Juifs.
De Stefan Zweig, je n’ai lu que son court récit Lettre d’une inconnue. Ici, l’écriture est très différente, plus directe et sans fioriture.
Les personnages sont intéressants dans leur diversité, en particulier l’opposition entre la force brute du Maitre d’échecs et M.B. considéré comme un intellectuel. Les personnages secondaires sont mis en avant et, finalement, le joueur d’échecs évoqué dans le titre n’est pas celui auquel on pense de prime abord.
Le joueur d’échecs est un roman très fin qui, sous couvert d’une fiction et de façon détournée, aborde la guerre et ses dérives. A lire au moins une fois.
Le joueur d’échecs – Stefan Zweig – Librairie Générale Française – 2013
J’ai lu et pas aimé du tout. Je pense que ce n’est pas un auteur pour moi.
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C’est un auteur que je n’ai jamais testé, pas sûre que ça passe avec moi…
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