Peines perdues – Nicolas Lebel

Note : 3.5 sur 5.

Théo Pereira purge sa peine pour homicide involontaire au pénitencier Pieter Brueghel  : par une nuit pluvieuse, deux ans plus tôt, il a perdu le contrôle de son véhicule et percuté un abribus où une femme s’était réfugiée. Chaque mois, le mari de la victime, Pierre Moulins, rend visite à Théo pour qu’il raconte, encore et encore, les derniers instants de son épouse, en échange d’un témoignage en sa faveur devant la commission de libération anticipée. Chaque mois, Moulins constate le délabrement de Théo dans cet univers qui le dévore et où une brute, Marco Minotti, a fait de lui son souffre-douleur. Ce que Théo ignore, c’est que, chaque mois, Moulins paye Minotti pour lui faire vivre l’enfer.

Avis

Peines perdues est quasiment un huis clos qui se déroule au centre pénitentiaire Pieter Brueghel, du nom du célèbre peintre.

Théo Pereira, 22 ans, suivait des études supérieures de lettres quand il a été arrêté pour avoir perdu le contrôle de sa voiture et tué Manon, une passante. Condamné, il nous raconte la prison, avec ses règles propres et son système de hiérarchie où tout se vend et s’achète.

Rapidement, on se prend d’affection pour le jeune homme qui n’a rien du détenu type. Théo est plus instruit que les autres prisonniers, il ne connaît rien aux rouages du milieu carcéral, régit par la violence et les jeux de pouvoirs. Il arrive là comme un gamin lambda, la prison va le détruire.

Dans ce lieu où tout se monnaie, il devient le jouet de quelques-uns et le souffre-douleur tout trouvé pour Marco Minotti, un braqueur à la petite semaine. Mais on découvre que lui aussi est acculé et qu’il doit, de sa cellule, assurer la subsistance et la sécurité de son épouse, obligée de se terrer chez elle par crainte des représailles de ses ex-équipiers. En fait, chacun a ses problèmes et tous les moyens sont bons pour les résoudre. Avoir du sang sur les mains en fait partie.

Dans l’équation, s’ajoute aussi Pierre Moulins, le mari de la femme tuée par Théo. Un authentique sadique, qui met en place une vengeance insidieuse, créant une sorte de triangle pervers avec Théo et Marco. Ce qui entretient un système de dépendance dont il va être difficile de sortir.

Peines perdues est une immersion réaliste dans le milieu carcéral. Finalement, on y découvre un système qui, loin de rendre les hommes meilleurs, les pervertit encore plus. Je connaissais le fonctionnement ‘off’ d’une prison mais le lire de cette façon, porté par des personnes qui cherchent juste à sauver leur peau et à protéger ceux qu’ils aiment mais qui sont contraints aux pires abjections, est difficile. Je dirais que le sentiment général que je ressens en fermant ce roman est la tristesse et l’impuissance face à un système impossible à endiguer, qui détruit tout ceux qui passent entre ses mains.

Le roman est structuré comme une pièce de théâtre, en 5 actes, mais cette façon de faire n’apporte, à mon sens, rien au récit. J’ai aussi trouvé dommage que la quatrième de couv’ en dise autant et que l’auteur annonce certains éléments par avance, ça casse un peu la surprise.

Cette lecture est ma première incursion dans l’univers de Nicolas Lebel et j’ai apprécié la tension permanente, les scènes choquantes et le final déroutant. Une belle découverte que je vais sans doute poursuivre par d’autres romans de l’auteur. Lesquels me conseillez-vous?


Peines perdues – Nicolas Lebel – Editions JC Lattès – 2024

4 commentaires sur “Peines perdues – Nicolas Lebel

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