La librairie des chats noirs – Piergiorgio Pulixi

Note : 4.5 sur 5.

Une minute. Pas une seconde de plus. C’est le temps dont dispose la proie d’un assassin sadique pour prendre une terrible décision : choisir entre les deux êtres qui lui sont les plus chers, lequel vivra et lequel mourra. Après plusieurs de ces crimes odieux, la police se décide à faire appel à Marzio Montecristo, le patron d’une petite librairie de Cagliari spécialisée dans le polar. Malgré le mauvais caractère de son propriétaire, l’endroit n’est pas dénué de charme. C’est également le quartier général d’un étonnant club de lecture : « les enquêteurs du mardi ». Parmi ses membres, il y a Marzio lui-même, mais aussi un prêtre, une femme à la retraite, un vieux dandy et une jeune gothique. Un an plus tôt, cette poignée de super-experts a aidé la police à résoudre une affaire particulièrement complexe. Parviendront-ils à élucider ce nouveau mystère ?

Avis

Dès les premières pages, La librairie des chats noirs m’a happée sans ménagement. La scène d’ouverture fait froid dans le dos : Lucia, son mari Nicola et leur fils Lorenzo sont ligotés dans leur salon. Une caméra filme. Un homme masqué impose à Nicola un choix impensable : en une minute, il doit décider qui, de sa femme ou de son enfant, sera tué. À l’issue de cette minute interminable, Lucia et Nicola sont morts. Lorenzo, le seul survivant, se retrouve orphelin.

Dans ce roman, Piergiorgio Pulixi nous emmène dans sa ville, Cagliari, et en particulier dans une librairie pas comme les autres. Les Chats Noirs est spécialisée dans la littérature policière et tenue par Marzio Montecristo – Montecri’ pour les intimes. Un libraire ronchon, pas vraiment diplomate et délicieusement désagréable avec les clients qui l’agacent. Certaines de ses répliques sont de véritables perles et je dois avouer que j’ai souvent souri à ses réflexions intérieures. Deux chats noirs règnent sur les lieux : Miss Marple et Poirot.

« – Dites, vous ne faites pas de promotions?

Il n’y avait qu’une seule catégorie de clients que Marzio méprisaient encore plus que ceux qui exigeaient des photocopies: ceux à l’affut des promotions.

– Si madame. Sur les insultes. Aujourd’hui, c’est deux pour le prix d’une. Offre spéciale. Vous souhaitez en profiter? »

Autour de Marzio gravitent aussi les lecteurs du Club du mardi, un petit groupe de passionnés, aux profils et goûts bien marqués, qui discutent polar avec sérieux et enthousiasme. Evidemment, pour la lectrice que je suis, tout est réuni pour que j’aime ce roman.

L’enquête sur les meurtres est confiée à un duo étonnant : l’inspecteur Flavio Caruso, toujours en costume-cravate, et la brigadière Angela Dimase, perchée sur ses escarpins. Angela et Marzio se connaissent depuis l’enfance et leurs échanges faits de piques et d’amabilités bien senties, démontrent une complicité ancienne. Marzio, lui, est raide amoureux… mais incapable de se déclarer.

En tant qu’ancien professeur apprécié de Lorenzo, Marzio est chargé de faire parler l’enfant sur ce qu’il a vu, dans l’espoir de faire avancer l’enquête. Mais quand le tueur s’en prend à une autre famille, la police, au point mort, fait appel aux membres du Club du mardi, ravis de mettre leurs lectures au service de l’enquête. L’idée est alors d’examiner l’affaire comme s’il s’agissait d’un polar dont il faudrait trouver la clé. Et comme tout ce petit monde, on essaie de comprendre, on élabore des hypothèses, on fait des recoupements…

Le livre est vraiment le fil rouge du roman : la librairie, le Club du mardi et ses lecteurs passionnés, l’assassin, lui-même un lecteur … de romance. Cela donne d’ailleurs une image particulière du tueur en série : amateur de bleuettes mais froid et sans émotion lors de ses passages à l’acte.

Dans mes chroniques, je dis souvent que je me lasse des longues digressions sur la vie privée des enquêteurs. Ici, ce n’est absolument pas le cas. L’histoire reste centrée sur l’enquête, sans s’éparpiller. À part l’amour secret de Marzio pour Angela, la vie personnelle des policiers est à peine évoquée et ça me convient parfaitement.

J’ai adoré ce roman et je pense que cela tient en grande partie au profil de Marzio, ce libraire au grand cœur qui n’a pas du tout la fibre commerciale. Fort différent de L’illusion du mal, plus noir et sombre, il permet à Piergiorgio Puixi d’explorer une autre facette de son écriture, plus humoristique je dirais. La librairie des chats noirs est une belle découverte, peuplée de personnages qui ont une vraie personnalité, auxquels on s’attache et qu’on aurait presque envie de rencontrer en vrai.

J’ai hâte de lire le deuxième tome de cette série.


La librairie des chats noirs – Piergiorgio Pulixi – Editions Gallmeister – 2025

Du même auteur

Série Les chansons du mal
  1. Le chant des innocents
  2. L’ile des âmes
  3. L’illusion du mal
Série La Librairie des chats noirs
  1. La librairie des chats noirs
  2. Si les chats pouvaient parler

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