Les passeurs de livres de Daraya – Delphine Minoui

De 2012 à 2016, la banlieue rebelle de Daraya a subi un siège implacable imposé par Damas. Quatre années de descente aux enfers, rythmées par les bombardements au baril d’explosifs, les attaques au gaz chimique, la soumission par la faim. Face à la violence du régime de Bachar al-Assad, une quarantaine de jeunes révolutionnaires syriens a fait le pari insolite d’exhumer des milliers d’ouvrages ensevelis sous les ruines pour les rassembler dans une bibliothèque clandestine, calfeutrée dans un sous-sol de la ville.

Leur résistance par les livres est une allégorie : celle du refus absolu de toute forme de domination politique ou religieuse.  Ce récit, fruit d’une correspondance menée par Skype entre une journaliste française et ces activistes insoumis, est un hymne à la liberté individuelle, à la tolérance et au pouvoir de la littérature.

Avis

En entamant la lecture de ce livre, je ne m’attendais pas à ressentir autant d’émotions.

Le contexte, en lui-même, est révoltant. Une ville dont tous les axes sont fermés, un chef d’Etat qui bombarde sa propre population à l’arme chimique au prétexte qu’elle demande plus de liberté.

Et quand l’Etat cadenasse tout contact avec l’extérieur, ce projet fou qui naît de quelques uns: creuser les gravats pour sauver les ouvrages abandonnés dans les maisons bombardées et créer une bibliothèque clandestine, ouverte à tous. J’ai été impressionnée de constater la détermination de ces personnes à sauver la culture au péril de leur vie alors que tout s’effondre autour d’elles.

Avec ce récit, on prend conscience de la puissance que peuvent avoir les livres car ils font trembler ces tyrans adeptes de la pensée unique. Et pour ces combattants de la liberté, la lecture devient justement un puissant outil pour accéder à la connaissance. Pour cette population en guerre, c’est aussi un refuge et un échappatoire, une façon d’enfin s’ouvrir au monde alors qu’ils sont vécus dans une dictature où la vérité était censurée.

On y lit Marcel Proust, Paulo Coelho, Molière, Saint-Exupéry… de la philosophie, des écrits sur la démocratie, des livres de développement personnel. Cette bibliothèque devient un lieu d’échange, d’apprentissage et d’évasion.

Cet ouvrage a été rédigé par Delphine Minoui, grande reporter au Figaro et spécialiste du Moyen-Orient. Via Skype, elle est entrée en contact avec les révolutionnaires de Daraya et a vécu leur quotidien à distance. Son récit, particulièrement poignant, nous fait voir une réalité que l’on est loin d’imaginer, autrement plus bouleversant que les images édulcorées du JT.

Une autre façon d’approcher la guerre en Syrie, par le biais des livres. La culture étant ce qui différencie les humains des barbares.

Un immense coup de cœur!

Lisez le premier chapitre de « Les passeurs de livres de Daraya » Delphine Minoui

Un documentaire a été inspiré de ce livre Daraya, la bibliothèque sous les bombes, comprenant notamment des témoignages des protagonistes de ce livre.


Les passeurs de livres de Daraya – Delphine Minoui – Editions Seuil – 2017

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