
C’est une femme toujours amoureuse de son mari après quinze ans de vie commune. Ils forment un parfait couple de quadragénaires : deux enfants, une grande maison, la réussite sociale. Mais sous cet apparent bonheur conjugal, elle nourrit une passion exclusive à son égard. Cette beauté froide est le feu sous la glace. Lui semble se satisfaire d’une relation apaisée : ses baisers sont rapides, et le corps nu de sa femme ne l’émeut plus. Pour se prouver que son mari ne l’aime plus – ou pas assez – cette épouse se met à épier chacun de ses gestes comme autant de signes de désamour. Du lundi au dimanche, elle note méthodiquement ses « fautes », les peines à lui infliger, les pièges à lui tendre, elle le trompe pour le tester. Face aux autres femmes qui lui semblent toujours plus belles, il lui faut être la plus soignée, la plus parfaite, la plus désirable.
Avis
Mon mari est LE premier roman dont tout le monde parle. Je me devais donc de le lire, et je dois dire que j’ai été assez étonnée de la tournure que prenait cette histoire.
L’image extérieure est lisse et parfaite. Un couple marié depuis 15 ans, deux enfants, et un amour intact, pas abîmé par le temps ni la routine. Mais dans la tête de Madame (dont on ne connaitra pas le nom), c’est un peu plus rock ‘n’ roll!
De façon tout à fait naturelle, cette femme partage son quotidien, ses pensées et son intimité avec le lecteur. Mais, très vite, on se rend compte que sa vie entière tourne autour de son mari. Elle pense sans cesse à lui, parle de lui à tout le monde, fière de ce qu’il est et de son amour pour lui. Le soir, rentrée du travail avant lui, elle se fait belle et attend son mari patiemment, comme une amoureuse se languit de son chéri. Même leurs enfants apparaissent comme des intrus, lui volant les quelques heures qu’elle pourrait passer en tête à tête avec son mari. En réalité, la narratrice voue une véritable obsession pour son mari.
Mais c’est aussi une femme qui souffre. Parce que, si elle sait qu’elle est aimée et qu’elle pourrait s’en satisfaire, elle sait que son mari a besoin de rencontrer d’autres personnes et qu’elle ne lui suffit pas. Là où, elle, n’a besoin que de lui pour vivre.
Tout est sujet à interprétation. Les jours de la semaine ont une signification qui leur donne l’une ou l’autre tonalité, et le comportement de Monsieur est décortiqué dans le détail. Mais pourquoi diable a-t-il choisi les lasagnes au restaurant alors qu’il prend habituellement de la viande? ?
Je comprends que ce roman ait pu faire sourire ou même rire certains lecteurs tant la narratrice est dans l’excès. Mais, en même temps, l’obsession qui l’anime, à la limite de la folie, m’a fait ressentir une certaine tristesse pour cette femme qui n’est pas vraiment heureuse.
Je ne me reconnais pas du tout dans ce personnage mais j’ai ressenti de l’empathie pour cette épouse jalouse et exclusive à sa manière. Par contre, pendant ma lecture, je me suis plus d’une fois interrogée sur ce que le mari pensait de tout cela, s’il avait conscience du comportement obsessionnel de son épouse.
Et, lorsqu’enfin, l’auteur nous livre le point de vue du mari, j’ai été sidérée! Ces propos remettent toute l’histoire en question, nous obligeant à la relire avec un regard différent. Tout comme l’épouse nous apparaît tout à coup sous un jour nouveau.
Une lecture plaisante et originale, mais il faut attendre les dernières pages pour découvrir le coup de maitre!
Mon mari – Maud Ventura – Editions L’Iconoclaste – 2021
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Oui, tout à fait d’accord un moment de lecture étrange, dérangeant et en plus une fin ….
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