La nuit de la tarentelle – Christiana Moreau

Note : 4 sur 5.

Dans le Salento, à la pointe des Pouilles, une terrible maladie ravage les oliviers, obligeant le père d’Elisa à abattre plus d’un millier d’arbres centenaires du domaine familial. Autant dire qu’il a d’autres préoccupations que d’autoriser la jeune fille à réaliser son rêve : partir étudier le chant à l’institut de musique classique de Milan.
Seule sa grand-mère Raffaella, consciente de son don, la soutient. En cachette, elle lui offre son médaillon porte-bonheur à l’effigie de Verdi et lui confie le secret qu’elle tait à tous depuis plus de soixante ans, lorsque la vie était encore plus rude pour les filles d’après-guerre. Ce temps où danser la pizzica, une folle tarentelle issue du fond des âges, était le seul exutoire à l’oppression que leur imposait le joug de leurs pères, maris et frères… Elisa parviendra-t-elle à s’émanciper des traditions millénaires de ce pays brûlant de soleil menacé par l’avidité des hommes ?

Avis

Les romans de Christiana Moreau sont comme des bonbons que l’on déguste avec plaisir. Et La nuit de la tarentelle ne fait pas exception, dans lequel nous retrouvons les thématiques propres à l’auteure belge.

Tout d’abord, l’Italie que l’on aborde ici par les Pouilles et Salento. Sur ces terres arides, les familles cultivent l’olive depuis des générations, mais les champs d’oliviers centenaires sont dévastés par un ravageur, mettant en péril toute une région. A travers ce roman, on ressent l’attachement viscéral des habitants à cette terre et à ces arbres pourtant malades. On découvre aussi les traditions de ce coin d’Italie, notamment l’origine de la tarentelle et de la pizzica, une danse sensée libérer du poison de la morsure d’une araignée proche de la tarentule.

En mêlant le passé et le présent, et en mettant les personnages féminins à l’honneur, l’auteure permet de mieux appréhender les modes de vie différents entre générations. Il y a Raffaella, qui vit une jeunesse insouciante en 1955. Mais, bien qu’elle rêve d’une vie différente de celle des femmes de cultivateurs toutes vêtues de noir et à l’échine courbée par l’obéissance, elle se verra obligée de se marier à un garçon choisi par sa famille suite à un accord économique. Rafaella que l’on retrouve grand-mère, placée dans une maison de retraite, loin de sa maison, de sa famille et de ses oliviers, qui vit dans ses souvenirs.

Et il y a Elisa, sa petite-fille a la voix incroyable et promise à un bel avenir comme chanteuse d’opéra. On sent la jeune fille tiraillée entre sa passion pour le chant qui l’emmènerait loin de sa famille et l’attachement à cette terre qui l’a vue naitre. C’est aussi tout le poids des traditions qui repose sur les épaules de la jeune génération. Mais Elisa refuse de se résigner, choisit de prendre son destin en main et de vivre de sa passion.

Entre les deux femmes, une belle complicité qui défie les années, née d’un amour commun pour la musique et pour Verdi en particulier. Mais comme Raffaella des années plus tôt, Elisa devra se battre pour faire accepter son choix de vie à sa famille de cultivateurs pour qui la « grande musique » et l’opéra sont des mondes étrangers et effrayants. C’est une autre particularité de Christiana Moreau, qui intègre toujours l’art dans ses romans, ici à travers la musique et le chant. Et c’est l’occasion de découvrir ou de redécouvrir la vie et l’œuvre de Giuseppe Verdi.

Un très bon roman à lire sur fond de tarentelle ou accompagné d’un opéra du compositeur italien pour se mettre totalement dans l’ambiance.


La nuit de la tarentelle – Christiana Moreau – Les Presses de la Cité – 2023

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4 commentaires sur “La nuit de la tarentelle – Christiana Moreau

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  1. Une auteure que je n’ai pas encore lue, mais…
    Tous les 15 jours, dans mon groupe de lecture, je présente un auteur belge et demain, c’est justement son tour. J’ai « La sonate oubliée » dans ma PAL.

    Aimé par 1 personne

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