
Dans ma cellule je pense à elle, Betty, si belle, si libre, qui s’avançait vers moi à ce colloque pour me dire son admiration pour ma conférence. Qui aurait pu lui résister ? Ensuite, que s’est-il passé ? Je n’avais pas envie de ce travail, de cette relation. J’aurais dû voir les signaux de danger. J’aurais dû comprendre bien plus tôt ce qui se passait. J’aurais dû… J’aurais dû… J’aurais dû…
Maintenant son mari a été assassiné et c’est moi qu’on accuse. La police ne cherche pas d’autre coupable. Je me remémore toute notre histoire depuis le premier regard et lentement je découvre comment ma culpabilité est indiscutable, mais je sais que je ne suis pas coupable.
Avis
Le récit commence par la rencontre entre le narrateur, conseiller juridique, expert en droit de la pêche et en contrats internationaux, et Betty, l’épouse d’un homme influent, propriétaire d’une compagnie maritime en Islande. Ce dernier souhaitant étendre ses activités en Europe, Betty tente de convaincre le personnage principal de travailler avec son mari Tomas. Séduit à la fois par le salaire et par la charmante épouse, notre narrateur accepte.
Le début du roman est relativement opaque. Le narrateur est en détention provisoire, sans que l’on sache exactement de quoi il est accusé ni si ces accusations sont fondées. Toute l’intrigue repose sur le caractère influençable du narrateur ainsi que sur les capacités de manipulation de Betty. Le premier ne voyant pas les signaux d’alerte, laissant d’autres choisir sa trajectoire de vie, tandis que la seconde joue la séductrice, incarnant le mystère et le danger, mettant du piment dans la vie bien rangée de notre expert.
On ne peut pas dire que Betty soit un roman qui déborde d’action, loin de là. L’intrigue se met en place lentement, au fil des souvenirs du narrateur, qui revit les événements qui l’ont conduit à cette situation. Malheureusement, cette narration lente n’a pas créé, chez moi, une tension telle que j’avais envie de dévorer le roman.
Par contre, l’auteur réussit à me surprendre en ce qui concerne l’identité du narrateur. Je m’explique: pendant tout le récit, on a connaissance des pensées et réflexions du narrateur alors qu’il n’est jamais pleinement décrit. Nous ne connaissons ni son nom ni son passé, ce qui laisse à notre imagination le soin de construire ce personnage à partir des rares bribes d’informations distillées par Arnaldur Indridason. Jusqu’au twist que je n’attendais pas et qui nous dévoile un profil tout à fait différent de celui que j’avais imaginé! On découvre alors le personnage sous un jour totalement inattendu, ce qui dévoile aussi la manipulation dont le lecteur a été la victime. Pour moi, la surprise a été totale.
Ca n’a pas sauvé le roman pour autant mais je souligne le travail sur la personnalité du narrateur. Betty est un roman qui nous pousse à réfléchir sur les choix que nous faisons, sur les relations que nous entretenons et sur la manière dont nos failles peuvent être exploitées par ceux qui savent comment en jouer.
Vous avez envie de le lire?
Betty – Arnaldur Indridason – Editions Métailié – 2011
Du même auteur
Série du commissaire Erlendur Sveinsson
- Les fils de la poussière
- Les roses de la nuit
- La cité des jarres
- La femme en vert
Trilogie des ombres
- Dans l’ombre
- La femme de l’ombre
- Passage des ombres
Je ne connais pas ce titre, mais d’après ce que tu en dis, j’imagine que ça ne me plairait pas…
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