La pouponnière d’Himmler – Caroline de Mulder

Note : 4 sur 5.

Heim Hochland, en Bavière, 1944. Dans la première maternité nazie, les rumeurs de la guerre arrivent à peine ; tout est fait pour offrir aux nouveau-nés de l’ordre SS et à leurs mères « de sang pur » un cadre harmonieux.
La jeune Renée, une Française abandonnée des siens après s’être éprise d’un soldat allemand, trouve là un refuge dans l’attente d’une naissance non désirée. Helga, infirmière modèle chargée de veiller sur les femmes enceintes et les nourrissons, voit défiler des pensionnaires aux destins parfois tragiques et des enfants évincés lorsqu’ils ne correspondent pas aux critères exigés.
Alors que les Alliés se rapprochent, l’organisation bien réglée des foyers Lebensborn se détraque, et l’abri devient piège. Que deviendront-ils lorsque les soldats américains arriveront jusqu’à eux ? Et quel choix leur restera-t-il ?

Avis

C’est la première fois que je lis Caroline de Mulder et j’ai choisi ce roman après l’avoir vue dans l’émission littéraire belge Sous couverture.

Elle nous plonge dans l’Allemagne de 1944, en Bavière plus exactement. Là, en pleine campagne, loin des bruits de la guerre, des femmes enceintes sont recueillies au sein d’un Heim, sorte de nursery où on élève les enfants de la «race pure». Un drapeau SS noir flotte au vent.

Tirée de faits réels, La pouponnière d’Himmler nous immerge dans le quotidien de ces femmes enceintes de soldats SS, encadrées par du personnel infirmier et un médecin. Rien n’est trop beau pour ces enfants destinés à devenir des « seigneurs de guerre » pour le Reich. Et ces mères vivent dans un luxe impressionnant pour l’époque : un château, des couverts en argent, du véritable café, de la viande ou du poisson chaque jour, du beurre…

Il faut dire que ce programme bien ficelé est supervisé par Himmler lui-même, qui contrôle absolument tout, du menu servi aux mères jusqu’à leur apparence physique, en passant par les chiffres de natalité qu’il faut booster à tout prix. Parce que le Reich est prêt à tout pour sélectionner le « meilleur sang », faire disparaître le sang impur d’Allemagne et repeupler le pays qui perd beaucoup d’hommes sur le font : taxer les SS encore célibataires, de façon à les inciter à prendre une partenaire et à avoir une progéniture, « faire mourir » un bébé de quelques semaines atteint d’une dégénérescence neurologique, inciter les femmes saines à concevoir plus d’enfants, stériliser les femmes qui fabriquent des enfants malformés, voler des enfants dans les pays limitrophes pour les germaniser, etc.

Un roman choquant par la vision qu’il donne de l’Allemagne nazie. On savait le Reich très créatif pour torturer les prisonniers ou les tuer à grande échelle, je ne connaissais personnellement pas l’existence de ces maternités destinées à contrôler les naissances et à « nettoyer la race ». C’est d’autant plus touchant que l’on parle de bébés sacrifiés car ne répondant pas aux standards et de mamans en pleine détresse, souvent seules puisque les pères sont au combat.

J’ai aussi été marquée par l’endoctrinement du personnel infirmier et médical, pour qui ces comportements semblent tout à fait acceptables, en tous cas jamais remis en cause et même plutôt encouragés. Seule Helga l’infirmière interroge parfois le sens de son travail, censurant elle-même son journal intime pour ne pas être recadrée.

Caroline de Mulder aborde cette thématique comme un fait, sans émotions, mais c’est justement la force de ce récit car les chiffres avancés et lettres lues parlent d’eux-mêmes et font froid dans le dos.

Un roman très intéressant, qui dévoile un pan peu connu de la doctrine nazie.

Vous avez lu ce roman aussi? Qu’en avez-vous pensé?


La pouponnière d’Himmler – Caroline de Mulder – Editions Gallimard – 2024

2 commentaires sur “La pouponnière d’Himmler – Caroline de Mulder

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  1. Le sujet m’intéresse, mais comme j’ai lu un roman de l’auteure et que je n’ai pas du tout aimé, je ne sais pas si je lirai ce livre.

    J’ai lu un super roman de Valentin Musso sur les lebensborn : « Les cendres froides », j’ai adoré !

    Aimé par 1 personne

    1. J’avais aussi quelques craintes parce que j’avais lu Ego Tango de Caroline de Mulder, et je n’avais pas du tout aimé. Mais je te rassure, celui-ci est plus classique dans l’écriture et vraiment intéressant.
      Par contre, je n’ai encore jamais lu Valentin Musso et je note ce titre. Merci!

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