Le garçon en pyjama rayé – John Boyne

4e de couverture:

Vous ne trouverez pas ici le résumé de ce livre, car il est important de le découvrir sans savoir de quoi il parle. On dira simplement qu’il s’agit de l’histoire du jeune Bruno que sa curiosité va mener à une rencontre de l’autre côté d’une étrange barrière. Une de ces barrières qui séparent les hommes et qui ne devraient pas exister.

Avis

Le film adapté de ce roman est passé à la télévision et j’ai eu envie de lire le livre avant de regarder son adaptation, comme je le fais toujours. En plus, sans le faire exprès, j’ai lu Le garçon en pyjama rayé alors que l’on célébrait la semaine passée les 80 ans de la libération des camps de concentration. Il a donc fait écho à l’actualité d’une façon particulière.

Dans ce livre, on suit Bruno, un enfant de 9 ans, et sa sœur Gretel 12 ans. Alors que leur père, commandant SS, obtient de nouvelles responsabilités et une nouvelle affectation, toute la famille quitte Berlin pour Auschwitz. Pour le petit garçon, c’est la fin du monde, il quitte ses amis, ses grands-parents, son école et tous ses repères. Loin de Berlin, toujours animée et en mouvement, la nouvelle maison se trouve isolée au milieu de nul part, dans un village sans enfants avec qui jouer. Alors, Bruno défie l’autorité de ses parents et part en exploration autour de la maison. Il rencontre un autre garçon de son âge, Shmuel, de l’autre coté d’une barrière de barbelés.

Le garçon en pyjama rayé nous place au niveau de cet enfant et nous fait voir le monde à travers son regard de petit garçon curieux. Il pose des questions et essaie de comprendre ce qu’il se passe autour de lui. Mais, sans réponse des adultes, il émet tout un tas d’hypothèses pour donner un sens au camp de concentration qui s’étend sous les fenêtres de sa chambre, au pyjama gris rayé que portent ces étranges fermiers, à la violence des soldats vis-à-vis d’hommes pourtant gentils avec lui. Et c’est toute l’innocence de l’enfance qui nous saute au visage quand il tente de donner un sens à des mots qu’il ne connaît pas. Dans sa bouche Auschwitz devient « Hoche-vite », Hitler est le « Fourreur ». Cela pourrait presque nous faire sourire si la réalité n’était pas aussi horrible.

Tout le roman repose sur ce jeune personnage et la candeur de Bruno est touchante. A aucun moment, il n’imagine les atrocités que vit son ami, la vie qu’il endure dans ce camp, les épreuves qu’il a déjà traversées à son âge ni la cruauté de son propre père, chargé d’accélérer l’extermination des juifs et la construction de chambres à gaz.

Sans en avoir l’air, John Boyne nous parle de l’horreur. A aucun moment, il n’est question de tortures, de tatouages, de travaux forcés ou de chambres à gaz mais ces éléments sont partout pour qui sait lire entre les lignes.

Qualifié de fable, Le garçon en pyjama rayé est un roman jeunesse conseillé à partir de 12 ans. Je ne sais pas s’il s’agit d’une lecture scolaire mais je suis curieuse de savoir ce qu’un jeune public comprend de ce roman. Je ne pense pas que les cours d’histoire abordent déjà la Shoah à cet âge…

Dans un contexte identique, ce roman me fait penser à La mort est mon métier de Robert Merle. Un livre que j’ai lu à l’école secondaire (vers 16-17 ans je dirais) et qui m’avait fortement marqué par sa violence. Je l’ai encore dans ma bibliothèque et je devrais le relire, mais je sais d’avance que ce sera une lecture difficile.

La fin du roman de John Boyne est terrible. Le garçon en pyjama rayé est un de ces romans marquants qui restent longtemps en mémoire.

Il a fait l’objet d’une adaptation au cinéma, par Mark Herman en 2008.

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Le garçon en pyjama rayé – John Boyne – Gallimard Jeunesse – 2006