La défense Lincoln – Michael Connelly

Avocat des chauffards, bikers et autres dealers, Mickey Haller est habile au prétoire, mais méprisé par tout le barreau de Californie. Séparé d’une première femme au service du district attorney (donc de l’accusation) et d’une deuxième qui, elle, travaille pour lui, il passe sa vie dans sa Lincoln à chercher la petite affaire qui lui permettra de tenir jusqu’au lendemain.
Miracle, un jour, il décroche le gros lot : accusé d’avoir défiguré une femme, Louis Roulet, un riche fils de famille de Beverly Hills, veut qu’il assure sa défense. Très excité à l’idée des honoraires qu’il va toucher, Mickey Haller découvre qu’en plus il pourrait avoir à défendre un innocent.
Malheureusement, l’innocence de ce client a un prix. Haller s’aperçoit vite que ce « cadeau » est pur poison et qu’il pourrait lui coûter la vie.

Avis

Je n’avais plus lu Michael Connelly depuis 2023 et son roman La glace noire. Mais, étant donné que je persévère dans l’idée d’avancer dans les séries entamées, me voilà avec ce classique de la bibliographie de l’auteur américain, qui voit naitre l’avocat Michael Haller.

Le personnage est original. Avocat de la défense, Michael Haller représente habituellement des trafiquants de drogue, d’armes ou encore des gangs de motards. Ses particularités : il travaille à bord de sa fameuse Lincoln et l’argent est au cœur de ses préoccupations. Il faut bien financer sa belle maison avec vue sur la plaine… Personnellement, je n’avais pas conscience qu’un avocat devait courir après les clients à ce point. Ses créneaux: les petits récidivistes qui lui assurent une rente régulière ou les clients que l’on ne représente qu’une fois mais qui sont fortunés. Il en arrive même parfois à privilégier une solution plus longue pour son client de façon à pouvoir le représenter plus longtemps et obtenir des honoraires plus élevés.

Pourtant, si lui-même n’est pas toujours réglo, Haller a aussi des valeurs morales et une certaine éthique professionnelle. Dans cette affaire, il est par exemple tiraillé entre défendre son client, qu’il sait coupable, et réparer une erreur judiciaire qui lui pèse sur la conscience.

Si les romans de Michael Connelly se déroulent souvent au sein d’un tribunal et peuvent paraître rébarbatifs, ils ont l’avantage de nous faire découvrir les arcanes de la justice américaine et toutes ses subtilités. Dans La défense Lincoln, on est immergés dans le quotidien d’un avocat de la défense confronté aux manigances de l’accusation pour éviter de dévoiler son jeu et induire l’autre en erreur, mais aussi à un client particulièrement retors.

On est aussi confrontés à la réalité de ce monde impitoyable : ce n’est pas toujours la justice qui triomphe. Haller en est parfaitement conscient. S’il n’idéalise plus son métier, il sait par contre qu’il est doué pour manipuler, négocier et convaincre n’importe qui. A défaut de justice, un très bon avocat fait l’affaire…

[…]La question n’était pas de savoir si B. avait tué sa femme ou pas, mais bien plutôt s’il y avait assez de preuves pour le condamner au procès.

L’affaire qui l’occupe dans ce roman fait voler en éclats ses certitudes, l’oblige à se remettre en question et nous réserve par la même occasion quelques surprises.

A dire vrai, j’appréhendais un peu cette lecture, le thriller juridique n’étant pas mon style littéraire préféré. Et si j’ai mis un peu de temps à entrer dans l’histoire, j’ai été étonnée de m’attacher autant au personnage de Michael Haller et de dévorer cette histoire en quelques jours seulement. Je pense donc que je vais poursuivre cette série.

La défense Lincoln a été adaptée pour le cinéma par Brad Furman et sorti en 2011. Haller y est interprété par Matthew McConaughey. Une série Netflix porte également ce titre mais correspond, en réalité, au roman suivant Le verdict du plomb.

La défense Lincoln – Michael Connelly – Editions Calmann Lévy – 2018