
Nous étions six – cinq garçons et une fille – insouciants, frivoles, joyeux, dans un été de tous les possibles. Pourquoi a-t-il fallu que l’un d’entre nous disparaisse ?
Avis
Un soir d’été s’inspire d’événements réels qui se sont déroulés l’été des 18 ans de Philippe Besson, dans les années 1980 sur l’Ile de Ré.
La période stressante des examens et des concours d’admission aux grandes écoles est passée. Philippe profite de ses vacances avec ses amis François, Christophe et Nicolas, nouvel arrivé dans cette bande qui se retrouve chaque été. Entre François et Philippe, une amitié forte s’est créé au fil des années, ravivée à chaque grandes vacances, comme s’ils ne s’étaient jamais quittés.
J’ai beaucoup aimé me replonger dans l’ambiance des années 80 avec la grosse télévision dans le salon, le téléphone fixe familial, la gomina dans les cheveux et la musique dans le walkman. Philippe Besson aborde la première partie avec une certaine nostalgie et l’insouciance de l’adolescence et de ces années-là.
Le petit groupe est constitué de bons garçons, travailleurs, pas trop rebelles et ouverts d’esprit, des ados plutôt sages. Et cet été-là apparaissent les premiers émois amoureux, les sentiments naissants que l’on ne comprend pas toujours, un désir qui monte et dont on ne sait que faire. C’est attendrissant de les voir un peu gauches face à la personne qui les intéresse, aux émotions variées qui les submergent, qu’ils maitrisent mal et ne savent pas comment gérer, d’autant que l’auteur en parle avec beaucoup de sensibilité et de pudeur.
Un soir d’été est un roman d’apprentissage dans lequel ces jeunes garçons vont progressivement sortir de l’enfance pour se diriger vers l’âge adulte, par la découverte de leurs sentiments mais aussi par la première confrontation avec l’injustice du monde des adultes et un drame qui va les faire grandir d’un seul coup.
Parce que, sur ce lieu de vacances idyllique, va s’inviter la réalité du monde extérieur et ses conséquences sur une personnalité un peu plus fragile. Une situation personnelle et familiale que les autres adolescents n’imaginaient pas et qui leur ouvre les yeux sur la situation difficile vécue par leur ami.
Tout à coup, en une soirée, un drame se produit. Un de ces moments de basculement qui font passer de l’adolescence à l’âge adulte, éloignant l’innocence et la naïveté de l’enfance pour nous rendre plus sérieux et conscients de la valeur de la vie. De ceux qui vous hante des années durant, provoquant la culpabilité de n’avoir rien vu venir et de n’avoir pas su interpréter les signes.
Un soir d’été est un roman très fort, qui démarre dans l’insouciance et se termine en nous laissant avec une boule dans la gorge. Philippe Besson a un sens de l’observation incroyable et une capacité à « lire » les autres et leurs émotions qui force l’admiration. On sent que, déjà à l’adolescence, il portait un regard sensible et critique sur le monde qui l’entoure et sur son propre vécu.
Gros coup de cœur pour ce roman que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire.
Un soir d’été – Philippe Besson – Editions Julliard – 2024
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