Leffe-toi et marche! – Nadine Monfils

Note : 2.5 sur 5.

En ouvrant le journal, Georgette découvre la disparition de son amie Justine, passionnée d’histoire, et qui effectuait des recherches à l’abbaye de Leffe. Il ne lui en faut pas plus pour entraîner Magritte dans l’aventure. Et ce n’était pas gagné : René est anticlérical, mais bon, il aime boire une bonne Leffe…
Une fois là-bas, nos deux détectives accompagnés de leur chienne Loulou rencontrent le savoureux chanoine Jean Baptiste, amoureux de Jésus, de la bière et des chansons paillardes. Il a son QG au Confessionnal, un bistrot haut en couleurs, en face de l’abbaye. Ce dernier leur apprend que Justine aurait découvert un parchemin dévoilant la formule secrète de la bière donnant la vie éternelle, rien que ça. Sauf que sous le chapeau boule se cachent quelques meurtres bien arrosés et des mystères en trompe l’œil. Entre certains chanoines qui vont y passer et la tête du cuistot retrouvée dans une casserole, ça va swinguer…

Avis

Je découvre les aventures de Georgette et René Magritte par ce 5e tome et grâce au Prix des lecteurs Club. Mais, aucune inquiétude à avoir si vous n’avez pas lu l’ensemble de la série, malgré quelques références aux enquêtes précédentes, Leffe-toi et marche! est tout à fait compréhensible.

Le point de départ de cette histoire est la disparition de Justine Rouet, une « amie » de Georgette. Je place le mot entre guillemets parce qu’on se rend compte assez rapidement que cette amitié est peu crédible, Georgette n’étant pas au courant de la réelle vie de Justine (son mariage arrangé, sa double vie, etc.). Tout au plus pourrait-elle être une connaissance.

Avant sa disparition, Justine séjournait à l’Abbaye Notre-Dame de Leffe (comme la bière du même nom) et s’intéressait particulièrement aux grimoires et incunables que renfermait la bibliothèque. Il semblerait même qu’elle ait emporté avec elle un parchemin révélant la recette secrète de la vie éternelle. C’est sur cette base que les Magritte se rendent à Dinant, en Belgique, espérant résoudre le mystère de la disparition de Justine et du précieux document.

Mais le monastère est au cœur de meurtres sordides, que le commissaire Maricq peine à résoudre, obnubilé par l’enquête qu’il mène à charge du peintre belge. Finalement, le personnage le plus impliqué dans cette enquête n’est autre que Loulou la chienne du couple, plus douée qu’un chien policier pour flairer les cadavres. Avec ce roman, on est typiquement dans un cosy mystery, dans lequel Monsieur-tout-le-monde enquête en lieu et place de la police. Par contre, j’ai trouvé qu’une certaine lenteur se dégageait du récit, qui n’avance pas.

Cela fait longtemps que je n’avais plus lu Nadine Monfils et je ne me souvient pas d’autant de circonvolutions dans ses romans précédents. Ici, les personnages sont très nombreux, au point que l’on s’y perd parfois et plusieurs passages ne servent strictement à rien, comme quand l’auteure nous résume la vie des artistes cités ou des « périodes » de Magritte (la période vache, celle consacrée à Renoir, etc.).

Par ailleurs, on retrouve l’écriture rafraichissante, imagée et décalée de l’auteure belge, différente de ce qu’on a l’habitude de lire. Elle use (et abuse un peu) d’un humour caustique, qui n’est pas forcément celui que j’apprécie mais cela peut faire sourire. Par contre, j’ai été plusieurs fois dérangée par les formulations très familières du récit du type « aller faire pipisse à Loulou » qui n’apportent rien au récit et qui ont même plutôt tendance à l’alourdir puisqu’elles attirent notre attention sur des éléments anodins.

Autre curiosité de ce roman : on y lit les nombres à la française « quatre-vingt-dix-neuf pour cent » mais on parle en wallon, ce qui nous permet de retrouver des expressions typiques « la loque à reloqueter ». Un mélange incongru qui m’interroge quand au lectorat visé. Nadine Monfils profite aussi de ce titre pour glisser toute une série de références à des artistes belges (musiciens, romanciers, sculpteurs), émissions cultes ou personnages emblématiques du plat pays.

Placer le peintre René Magritte au centre d’une série littéraire policière est plutôt osé. Grande amatrice de l’œuvre de l’artiste, on sent que l’auteure s’est informée et livre des pensées et anecdotes au sujet du peintre. Je ne sais pas dans quelle mesure le personnage de René Magritte reflète ce qu’il était mais je découvre un homme particulièrement joueur, farceur et taquin, ce qui le rend sympathique. Sous ses airs bourgeois, René bouillonnait d’un esprit créateur. La complicité qui l’unit à son épouse, et qui se matérialise par l’utilisation de petits sobriquets, est aussi attendrissante.

Finalement, je n’ai pas été ultra emballée par cette lecture. L’enquête policière manque de vraisemblance pour qu’on y croie vraiment et que l’on se sente impliqué et l’écriture alambiquée m’a éloignée de l’essentiel. Je ne suis donc pas impatiente de lire les autres tomes de cette série…

Vous connaissez Nadine Monfils et ses écrits? Qu’en pensez-vous?


Leffe-toi et marche! – Nadine Monfils – Editions Robert Laffont – 2022

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  5. Leffe-toi et marche !
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