Les revenants – Laura Kasischke

Note : 3 sur 5.

Élève brillante, Nicole était douce et sociable. Elle meurt subitement dans un accident terrible.
À l’automne suivant, tandis qu’un nouveau semestre commence, Craig, l’ancien petit ami de Nicole est renvoyé de l’université médiocre où il était entré par relations. Tenu pour responsable de la mort de Nicole mais relâché faute de preuves, il ne parvient pas à surmonter le drame, ne cesse d’y repenser et a l’impression de voir Nicole partout.
Perry, son colocataire, était dans le même lycée que Nicole. Lors d’un séminaire, il fait part de ses interrogations et de ses doutes quant à la disparition de la jeune fille. Il dit avoir connu la vraie Nicole : une personne manipulatrice, malhonnête, et séductrice. De son côté, Shelly Lockes, unique témoin de l’accident, conteste la version officielle, selon laquelle Nicole, baignant dans une mare de sang, n’aurait pu être identifiée que grâce à ses bijoux. Selon elle, la jeune fille était inconsciente mais ne présentait aucune lésion.
D’étranges événements surviennent alors: mystérieux appels téléphoniques, cartes postales énigmatiques, apparitions de Nicole… ou d’une fille qui lui ressemble. La rumeur enfle à Godwin Hall, précipitant Craig, Perry, Mira et Shelly au cœur d’un ténébreux mystère qui va transformer leurs vies pour toujours: se pourrait-il que, trop jeune pour mourir, Nicole soit revenue ?

Avis

Cela fait 10 ans que je n’ai plus lu Laura Kasischke! Pourtant, j’avais bien aimé Esprit d’hiver, qui est encore bien présent dans mon esprit. Cette fois, l’auteure américaine nous emporte dans une histoire bien différente mais tout aussi dérangeante.

Immersion sur le campus de l’université Godwin Honors Hall, aux Etats-Unis. L’accent y est mis sur la tradition américaine des fraternités et sororités, qui ont normalement pour objectif d’aider les nouveaux étudiants à s’intégrer en proposant des aides à l’étude et des activités extra-scolaires ou sociales. En réalité, bizutage, alcool et sexe sont au cœur des pratiques rituelles d’intégration des nouveaux, créant ainsi des liens indéfectibles entre les frères et sœurs, qui se maintiennent longtemps après leurs études. Le meilleur exemple est la fraternité masculine Delta Kappa Epsilon de l’université de Yale, qui a produit de nombreuses personnalités du monde politique ou financier, qui continuent à s’entraider des années après leurs études.

Le début du roman est un peu brouillon. L’auteure raconte le quotidien de plusieurs personnes que rien ne semble relier. Puis, à partir de l’accident de la route qui a couté la vie à la jeune Nicole, elle dévoile tout un réseau de relations qui lie les différents personnages, tous issus du milieu universitaire. Tout au long du roman, j’ai été étonnée de constater le très grand nombre de détails insignifiants fournis sur les personnages, qui nous éloignent de l’histoire de base et ne sont pas pertinents. Et, franchement, je pense que sur les 660 pages que compte Les revenants, au moins 200 d’entre elles sont de trop.

J’ai aussi été interpellée par le fait que l’auteure déroule l’histoire selon une chronologie qui lui est propre, changeant de temporalité d’un chapitre à l’autre sans que rien ne l’annonce. C’est une pratique assez déstabilisante parce qu’elle nécessite sans cesse un temps d’adaptation pour remettre les événements dans le bon ordre.

Les revenants met aussi en évidence toutes les contradictions entre l’Amérique puritaine, incarnée par Nicole, un ange blond, une vierge bonne élève, qui s’est engagée auprès de son père à ne pas avoir de relations sexuelles avant le mariage, toujours disponible pour écouter et aider les autres, et la réalité d’une jeunesse dissolue baignant dans le sexe, l’alcool et les drogues.

Alors quand, après la mort de Nicole, certains étudiants disent avoir des visions de la jeune fille, comme si elle revenait d’entre les morts, toute une machination diabolique est mise à jour. Avec pour seul objectif de cacher la vérité, pour ne pas impacter négativement la réputation de l’université.

Et si j’ai été horrifiée de constater ce qu’il se passe sur ce campus, j’ai tout de même été déçue par ce roman trop long, pas haletant du tout. Tout ça pour ça… C’est dommage parce que je pense que si l’auteure était allée directement à l’essentiel, j’aurai été happée par l’ambiance lourde et délétère qui pèse sur le campus.


Les revenants – Laura Kasischke – Christian Bourgois Editeur – 2011

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Un commentaire sur “Les revenants – Laura Kasischke

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  1. J’ai lu « Esprit d’hiver » aussi il y a quelques années. Je me souviens d’une atmosphère assez étrange. Je n’ai plus rien lu d’elle depuis. Ce titre, je ne le connais pas.
    Bon dimanche.

    Aimé par 1 personne

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