La maison noire – Yusuke Kishi

Note : 4 sur 5.

Dans le cabinet d’assurances où il travaille, Shinji Wakatsuki fait figure d’employé modèle. Méticuleux, rigoureux, il traque sans relâche les incohérences dans les avis de décès. Car Wakatsuki le sait : nombre d’assurés sont prêts à faire de fausses déclarations pour obtenir un dédommagement.
Jusqu’au jour où un certain Komoda le sollicite pour un constat dans sa maison.
Sur place, le choc. Le corps d’un enfant de douze ans se balance au bout d’une corde. Suicide ? L’instinct de Wakatsuki lui dicte qu’il s’est passé autre chose dans cette demeure lugubre où flotte l’odeur de la mort.

Wakatsuki n’a jamais laissé un dossier sans réponse. Mais celui-ci pourrait bien le mener aux confins de la noirceur de l’âme humaine…

Avis

Agent d’assurance, le job de Shinji Wakatsuki consiste à mettre à jour les arnaques à l’assurance, en vérifiant qu’il n’y a pas eu fraude lors de la déclaration de décès, avant de débloquer le montant de l’assurance-vie. Et on est étonné de constater jusqu’à quels extrêmes les personnes sont capables d’aller pour récupérer de l’argent!

La maison noire est à la fois le témoin du fonctionnement de la société japonaise d’aujourd’hui mais il est aussi très occidental dans son écriture.

On y retrouve tous les traits distinctifs du Japon : le respect des règles de courtoisie, même avec les clients les plus désagréables, le sens de la collectivité à l’opposé de l’individualisme, le respect de la hiérarchie professionnelle, le travail consciencieux, le surnaturel qui prend la forme d’une araignée géante. Mais la thématique choisie nous montre aussi l’évolution de la société japonaise, de moins en moins attachée aux valeurs morales, à travers ces personnes qui abusent de l’assurance-vie ou invalidité, signant plusieurs contrats et se jouant du système. Ce qui place Shinji Wakatsuki, si respectueux des règles, en porte-à-faux, comme pris au piège et ne sachant pas comment réagir face à cette situation inédite.

Le style narratif emprunte les codes du thriller psychologique : les personnages a la personnalité énigmatique, la tension qui s’accentue au fil du roman, au fur et à mesure de la montée en puissance du harcèlement que subit Shinji, des cauchemars qui hantent ses nuits et du mal-être qu’il ressent suite à cette affaire.

Soyons clairs: je crois que je n’aurais jamais ouvert ce livre si certains blogueurs n’en avaient pas parlé avec autant de passion! Il faut dire que la thématique des assurances n’a rien de palpitant au départ et est plutôt inhabituelle dans le roman policier et encore moins dans le thriller. Pourtant, j’ai été totalement happée par ce roman rythmé et à la tension psychologique palpable. Jusqu’aux derniers chapitres que j’ai lus dans un état proche de l’apnée, tant j’étais prise par l’histoire.

L’intrigue est bien pensée et le personnage le plus machiavélique n’est pas forcément celui auquel on pense. Et même si j’avais deviné une partie du mystère, j’étais loin d’imaginer une telle horreur!

Enfin un roman japonais que j’apprécie sans réserve! Il me tarde de lire le premier roman de Yusuke Kishi! Vous connaissez-cet auteur? Qu’en pensez-vous?


La maison noire – Yusuke Kishi – Editions Belfond – 2024

4 commentaires sur “La maison noire – Yusuke Kishi

Ajouter un commentaire

  1. Ta chronique sur cet étonnant roman est très réussie : si je ne l’avais pas déjà lu je me précipiterais pour le découvrir car ton enthousiasme est parfaitement convaincant 😊! J’ai aussi dans l’idée de lire La leçon du mal prochainement, il m’a l’air très intrigant.

    Aimé par 1 personne

    1. Oui, et les auteurs japonais en particuliers 😉 En fait, j’ai animé une soirée littéraire sur le Japon et je me devais de m’informer un minimum sur le sujet, mais je dois avouer que mis à part ce roman, ce n’est pas un style qui me convient vraiment

      J’aime

Laisser un commentaire

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑