Le livre du thé – Okakura Kakuzo

Note : 3.5 sur 5.

Depuis un siècle, Le Livre du thé qui offre une introduction des plus subtiles à la vie et à la pensée asiatiques s’adresse à toutes les générations. Et ce grand classique, qui a permis naguère de jeter un pont entre l’Orient et l’Occident, n’a rien perdu de sa force et peut encore éclairer notre modernité.
Le trait de génie d’ Okakura fut de choisir le thé comme symbole de la vie et de la culture en Asie : le thé comme art de vivre, art de penser, art d’être au monde. Il nous parle d’harmonie, de respect, de pureté, de sérénité. Au fond, l’idéal du thé est l’aboutissement même de cette conception zen : la grandeur réside dans les plus menus faits de la vie.

Avis

Le livre du thé a été écrit en 1906 et est considéré est un incontournable de la littérature japonaise. Okakura Kakuzo l’a écrit en anglais avec l’objectif de transmettre les subtilités de la cérémonie du thé aux Occidentaux. La cérémonie japonaise du cha-no-yue étant pour lui le symbole de la vie et de la culture asiatique.

Bien que le thé soit arrivé en Europe sous la forme de feuille, à travers les époques, cette boisson a été consommée de différentes manières : une brique à bouillir dans un premier temps, puis une poudre que l’on fouettait (technique encore utilisée pour le matcha par exemple) pour ensuite arriver à la feuille que l’on fait infuser dans de l’eau chaude.

La cérémonie du thé se déroule dans une chambre de thé, à l’architecture codée, située dans un écrin de verdure. Elle est considérée comme un moment hors du temps, qui permet de se recentrer sur l’essentiel, loin du tumulte de la vie. D’ailleurs, l’allée du jardin qui mène du portique à la chambre de thé est considérée comme le premier stade de la méditation, celui où l’on rompt tout lien avec le monde extérieur.

Au fil du temps, la voie du thé a pris une dimension sacrée, influencée par le taoïsme, la philosophie zen et la méditation. Culte voué à l’adoration du beau et de l’esthétique, la cérémonie du thé défend l’idée de vivre dans la simplicité et en harmonie avec ce qui nous entoure, en particulier avec la nature.

Au 8e siècle, Lou Yu a été le premier maître de thé à établir le code du thé, décrivant la porcelaine utilisée, les ustensiles, le type d’eau à privilégier et son degré d’ébullition, etc. En effet, la cérémonie répond à toute une série de codes : le silence absolu, la lumière tamisée, l’eau qui frémit dans un chaudron en fonte, l’hygiène et la propreté du lieu, le choix du thé bien sûr.

La pièce est nue, marquée par la simplicité ornementale propre à la culture japonaise, dans laquelle on apporte régulièrement un nouvel et unique objet d’art, sur lequel on se concentre dans le cadre de la méditation. Le raffinement est le maitre-mot de la cérémonie du thé, qui se manifeste jusque dans les arrangements floraux qui ornent les chambres de thé.

Au Japon, les maîtres de thé ont impacté tout la société dans le domaine de l’art, de la céramique mais aussi au niveau vestimentaire et du savoir-vivre.

Un livre intéressant qui nous plonge, à travers la cérémonie du thé, dans toute la complexité de la société japonaise, de ses origines et croyances, ses codes et valeurs encore d’actualité aujourd’hui. Un livre complexe, qui m’a donné envie de vivre un tel moment privilégié.


Le livre du thé – Okakura Kakuzo – Editions Philippe Picquier – 1996

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