Ecorces vives – Alexandre Lenot

Note : 4 sur 5.

C’est une région de montagnes et de forêts, dans un massif qu’on dit Central mais que les routes nationales semblent éviter. Un homme venu de loin incendie la ferme dans laquelle il espérait un jour voir jouer ses enfants, puis il disparaît dans les bois. La rumeur trouble bientôt l’hiver : un rôdeur hante les lieux et mettrait en péril l’ordre ancien du pays. Les gens du coin passent de la circonspection à la franche hostilité, à l’exception d’une jeune femme nouvellement arrivée, qui le recueille. Mais personne n’est le bienvenu s’il n’est pas né ici.

Avis

Dans ce premier roman qui a obtenu le Prix Première 2019, Alexandre Lenot nous plonge au cœur d’une nature rude et sauvage, qui apparaît comme un personnage à part entière, avec ses zones d’ombres et ses secrets.

Ecorces vives est un roman d’ambiance, dans lequel il ne se passe pas grand chose mais dont l’atmosphère est lourde. Les personnages dégagent une force de caractère impressionnante, forgée par les déconvenues et la rudesse de la vie dans cette région oubliée et abandonnée à son sort, que les jeunes quittent pour ne jamais revenir et où les nouveaux arrivés ne sont pas les bienvenus.

On ressent la violence contenue, alimentée par des querelles passées, et que la moindre étincelle peut faire exploser. Dans cet environnement où l’on vit en vase clos, cette violence se manifeste insidieusement envers les plus faibles. La peur ambiante étant alimentée par ces hommes taiseux et bourrus, véritables forces de la nature, qui règlent leurs différents à coups de poing ou de fusil.

Et, malgré cet environnement hostile, la jeune Louise, le vieux Andrew et Eli s’associent pour défier l’ordre établi, désamorcent les pièges des chasseurs, entravent la circulation des quads qui détruisent les champs et s’entrainent, prêts à se défendre d’une future attaque.

Dans ce genre de roman, quand les descriptions sont trop longues à mon goût, j’ai souvent tendance à sauter des lignes pour en venir aux faits plus concrets. Dans le cas d’Ecorces vives, ça n’a pas été possible, tant j’avais l’impression de rater des informations. Mais si le roman est plutôt lent et descriptif, la scène finale, rythmée et rapide, nous emporte dans son sillage. On est presque essoufflé en refermant ce livre.

En fait, tout cela est tellement détaillé et réaliste que je me demande dans quelles circonstances Alexandre Lenot a écrit ce roman. A-t-il vécu dans ce type d’environnement hostile ? Il me semble en tous cas difficile d’imaginer écrire un tel texte sans l’avoir soi-même vécu, uniquement en l’observant de loin…

Un nature writing à la française, qui fait la part belle aux grands espaces et aux animaux, prônant une certaine harmonie entre les hommes et la nature. Ce n’est pas un roman que j’ai adoré car trop descriptif pour moi mais une belle lecture, qui va me rester en tête un moment.


Ecorces vives – Alexandre Lenot – Actes sud – 2018

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