Les enfants du serpent – Clarence Pitz

Note : 3.5 sur 5.

2012. La brutalité des hommes s’abat sur le village de Bumia, à l’est de la République démocratique du Congo. Un groupe armé surnommé « les arracheurs » commet les pires atrocités. Parmi les victimes, Gloria et sa fille Phionah. L’âme blessée, le corps ravagé, elles parviennent à prendre la fuite, laissant derrière elles un champ de cendres et plusieurs dizaines de morts.
2017. Au cœur de Bruxelles, dans le quartier populaire de Matonge, un homme défiguré et énucléé est retrouvé dans un caniveau. L’inspecteur Karel Jacobs reconnaît la signature des « arracheurs ». A l’approche du procès d’un de ces miliciens, Jacobs craint que les témoins du massacre de Bumia ne soient à nouveau en danger. Engagé dans une course contre la montre, il va devoir se plonger dans ses souvenirs pour sauver la vie des deux rescapées. Mais aussi de ses proches.

Avis

Les enfants du serpent est de ces romans qui ne laissent pas indifférent.

Dès les premières pages, le lecteur est inondé de violence. Il assiste, impuissant, à l’attaque d’un village de la région du Kivu, au viol systématique des femmes et petites filles, à la torture et à l’exécution des hommes. Ca fait froid dans le dos…

A partir de ce fait, les chapitres alternent entre la République Démocratique du Congo et la Belgique, entre les événements qui ont eu lieu dans le passé et ceux qui se déroulent aujourd’hui, notamment dans le quartier africain de Bruxelles, Matongé. Mais, malgré ces fréquents changements de lieux et de temporalités, il est tout à fait facile de suivre l’histoire sans s’y perdre.

En Afrique, on assiste à l’horreur. Des adolescents embrigadés dans des milices par nécessité de survie, besoin d’argent pour leur famille ou pour assouvir un gout pour la violence. Des militaires qui se détournent de leur mission de protection pour commettre les pires exactions. Le viol devenu une arme de guerre, un génocide à long terme par la destruction systématique d’un peuple, les petites filles mutilées devenant stériles ou handicapées, impossible à marier et à charge de leur famille, sans avenir. Les violences sexuelles comme des actes de torture destinés à dégrader la femme et toute sa communauté. Et puis, ces enfants issus du viol de leur mère, les enfants du serpent, qui ont la réputation de porter malheur et n’ont d’autre choix que de s’exiler loin de leur village.

Je ne suis pas une grande connaisseuse de cette région du Congo, mais ce roman me semble très documenté, avec des références à la Radio des Milles Collines et au génocide des Tutsis au Rwanda en 1994.

En Belgique, l’enquête n’est pas de tout repos non plus après la découverte d’un homme énucléé en pleine rue. Pour l’inspecteur Karel Jacobs, qui était en Afrique 5 ans auparavant, les liens entre l’agression bruxelloise et les faits qui se sont déroulés au Congo sont évidents.

Les enfants du serpent est un roman glaçant, qui vous fera lire des scènes horribles de torture. Autant avoir le cœur bien accroché, ce n’est pas forcément le type de lecture que je conseillerais à tous.

Pour autant, je trouve que l’auteur, en s’attachant aux personnages et à leurs motivations profondes, rend ce roman très humain. On s’attache d’ailleurs à chacun des protagonistes bons ou « mauvais », parce qu’on comprend ce qui les a amené à agir de la sorte, même si on ne cautionne pas leurs actes barbares.

Après Meurs, mon ange, ce roman confirme mon intérêt pour l’œuvre de Clarence Pitz. Sûr que je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin.

Est-ce le genre de roman qui pourrait vous tenter?


Les enfants du serpent – Clarence Pitz – Editions IFS – 2023

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4 commentaires sur “Les enfants du serpent – Clarence Pitz

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    1. C’est un roman violent dans le sens où on y aborde les exactions commises dans certaines régions du Congo et que c’est révoltant et difficile à lire. Mais si tu t’intéresses à l’Afrique et, notamment, à son passé, c’est un roman intéressant.

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